Lespompiers sont intervenus cette nuit, vers 2 heures, Ă  la maison de retraite de Courtalain Baignade Jeudi 21 juillet 2022 - 14:00: COURTALAIN - Visite du chĂąteau Vendredi 22 juillet 2022
Publié le 13/07/2014 à 06h00 Parc de MONTJUZET - Feu d'artifice 22 aout 2010 © CHAREYRON Pascal Défilés, retraites aux flambeaux, concerts et feux d'artifice... Retrouvez les festivités du 13 et du 14 juillet dans le Puy-de-DÎme. Certaines indiquées en bleu débutent aujourd'hui, d'autres en rouge ne commencent que le 14, alors qu'en vert, sont indiquées les festivités qui s'étendent sur les deux journées. Envoyer par mail Vous pouvez envoyer cet article par email à vos amis. Renseignez vos informations et le destinataire fermer
Lannuaire FARANDOLE-SPECTACLE s'adresse aux établissements accueillant des personnes ùgées et dispose d'un large choix de spectacles. Les artistes étoilés sont particulierement recommandés par les établissements. Le sigle IDF indique les artistes intervenant en région parisienne. Animation musicale, spectacle, animation, karaoké
Un rĂ©sident d'une maison de retraite envoyĂ© Ă  la morgue par erreur Des employĂ©s d’une entreprise de pompes funĂšbres Ă  Shanghai ont renvoyĂ© un sac mortuaire dans une maison de retraite aprĂšs avoir remarquĂ© que la personne qui s’y trouvait Ă©tait encore en gouvernement de district de Shanghai a confirmĂ© l’incident et a dĂ©clarĂ© que cinq fonctionnaires ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s. La licence d’un mĂ©decin a Ă©tĂ© vidĂ©o circule largement sur Internet et pourrait Ă©branler la confiance dans les services publics, alors que des semaines de mesures de confinement contre le coronavirus ont Ă©tĂ© prises dans la vidĂ©o choquanteSur la vidĂ©o de l’incident de dimanche, on voit deux employĂ©s des pompes funĂšbres portant des combinaisons de protection complĂštes sortir un sac mortuaire jaune d’un ouvrent ensuite le sac et semblent montrer Ă  un membre du personnel mĂ©dical de la maison de retraite de Xinchangzheng que la personne est encore en personne a ensuite Ă©tĂ© rapidement ramenĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de l’ la camĂ©ra, on peut entendre l’habitant de Shanghai qui a enregistrĂ© la vidĂ©o dire que la maison de retraite a “fait une erreur”.IndignationL’incident a suscitĂ© l’indignation sur les mĂ©dias sociaux chinois, les gens s’interrogeant sur la fiabilitĂ© du systĂšme d’aide sociale pendant le confinement gouvernement du district de Putuo, oĂč se trouve la maison de retraite, a dĂ©clarĂ© lundi dans un communiquĂ© que la personne filmĂ©e Ă©tait soignĂ©e dans un hĂŽpital et que ses signes vitaux Ă©taient autoritĂ©s de Shanghai commencent lentement Ă  assouplir les mesures de confinement qui ont confinĂ© la plupart des 26 millions d’habitants de la ville dans leurs appartements ou leurs complexes immobiliers pendant prĂšs d’un mois, voire plus longtemps dans certains cas. Le14 juillet consacre le jour oĂč, au plan national, toute la France cĂ©lĂšbre sa fĂȘte nationale. Pour chaque Français, il s’agit d’un vĂ©ritable jour de rĂ©jouissance donnant lieu Ă  de nombreuses manifestations. MĂȘme dans les maisons de retraite, ce jour spĂ©cial donne lieu Ă  une cĂ©lĂ©bration autour de diffĂ©rentes activitĂ©s. Avertissement 1 Lors de la mort du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, une semaine aprĂšs l’incendie d’un dancing » de Saint-Laure ... 2 Par Pierre PĂ©dron, qui intitule le dĂ©veloppement qu’il consacre Ă  cet Ă©vĂ©nement dans La prison sou ... 1Cet article est extrait d’une Ă©tude plus ample chronologiquement portant sur l’histoire de la prison de la SantĂ© pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a commencĂ© d’ĂȘtre Ă©crit au printemps 2005 – Je m’interrogeais alors sur son titre. Bal tragique Ă  la SantĂ© » me vint Ă  l’esprit. Le lecteur informĂ© le rapprochera de celui qui valut Ă  L’Hebdo Hara-Kiri d’ĂȘtre rebaptisĂ© Charlie Hebdo1, J’avais pensĂ© d’abord Ă  14 juillet tragique Ă  la SantĂ© 34 morts ». D’autres y avaient songĂ© avant moi2. Et puis, le fameux titre de L’Hebdo Hara-Kiri me trottait dans la tĂȘte. Faisant mon petit bonhomme de chemin parmi les quelques sources de premiĂšre main dont je disposais alors sur cet Ă©vĂ©nement, je me suis aperçu que mon imaginaire mon intuition ? avait anticipĂ© sur l’incroyable rĂ©alitĂ© dans la nuit du 14 juillet 1944, il y a bien eu un bal Ă  la SantĂ©, improvisĂ© sur les cours de promenade par des dĂ©tenus de droit commun qui venaient de tout saccager dans la prison, bal qui devait se terminer aux premiĂšres lueurs de l’aube du terrible lendemain, un peu avant que la Milice accomplĂźt sa besogne exterminatrice. 3 PĂ©dron Pierre, La prison sous Vichy, Paris, Éditions OuvriĂšres/Éditions de l’Atelier, Collection ... 4 Montagnon Pierre, 42 Rue de la SantĂ©. Une prison politique. Des anarchistes et des cagoulards au ... 5 Le lecteur aura notĂ© l’intĂ©rĂȘt que tous ces directeurs ont manifestĂ© pour l’histoire de leur Ă©tabl ... 6 Carlier Christian, Paul Amor et l’affaire de la prison de Laon », Histoire PĂ©nitentiaire, volu ... 2J’avais dĂ©couvert les tragiques Ă©vĂ©nements du 14 juillet 1944 en lisant, avant de l’éditer, l’ouvrage pionnier que Pierre PĂ©dron ancien sous-directeur Ă  la SantĂ© a consacrĂ© Ă  la prison sous Vichy3. Plus tard, Yves Tigoulet, qui fut directeur de la SantĂ©, m’a fait dĂ©couvrir le livre de Pierre Montagnon4. Sachant mon intĂ©rĂȘt pour cette prison, Pierre Raffin, un autre directeur de la SantĂ© jusqu’à l’étĂ© de 2005, m’a communiquĂ© tout un dossier que les directeurs successifs de la SantĂ©5 ont dĂ» se transmettre de la main Ă  la main depuis 1944, dossier comprenant notamment un rapport fourmillant de dĂ©tails de l’inspecteur gĂ©nĂ©ral des services de la prĂ©fecture de police, le livre des morts » registre des dĂ©cĂšs de la SantĂ© pendant la guerre, ainsi que le rĂ©cit vĂ©cu – et Ă  ma, connaissance inĂ©dit – du rĂ©sistant Georges Altman intitulĂ© Le bal des casseurs ». Mon seul mĂ©rite est, comme dans l’article consacrĂ© Ă  l’affaire de la prison de Laon6, d’avoir traitĂ© les quelques matĂ©riaux documentaires dont je disposais alors comme s’ils concernaient une pĂ©riode plus ancienne et surtout d’avoir croisĂ© mes sources, d’avoir rapprochĂ© le discours des officiels » de celui des prisonniers. Quelques bribes de vĂ©ritĂ© Ă©mergent, me semble-t-il, grĂące Ă  cette Ă©lĂ©mentaire prĂ©caution mĂ©thodologique. 7 La fin de la prĂ©sentation a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e en mars 2006. 8 Et Ă  Martine Garcin, qui prĂ©pare une exposition des 200 dessins de prison de Roger Payen » qui d ... 9 Quand bien mĂȘme Altman n’était dĂ©tenu Ă  la SantĂ© que depuis peu de temps. Il n’était pas informĂ© d ... 3Aujourd’hui, prĂšs d’un an plus tard7, sans rien renier des lignes qui prĂ©cĂšdent, ma rĂ©flexion a mĂ»ri, tout en perdant de sa fraĂźcheur. Historien obsessionnel, j’ai dans l’intervalle lu une immense bibliographie et pris un bĂąton de pĂšlerin qui m’a accompagnĂ© jusqu’à des sources d’archives au demeurant fort Ă©parpillĂ©es. Les principales ont consistĂ© dans les dossiers des principaux acteurs pĂ©nitentiaires de cette triste journĂ©e. Je citerai les autres dans les notes. Au bout de ce cheminement, j’ai disposĂ© de quelques dizaines de rĂ©cits » ou rapports d’enquĂȘte sur ce fameux 14 juillet, dont beaucoup, il est vrai, se recopient purement et simplement. J’ai surtout dĂ©couvert » Ă  la toute fin de ma quĂȘte, Ă  dĂ©faut de le rencontrer longuement – ce sera pour plus tard, je l’espĂšre bien –, un homme admirable de courage, d’honnĂȘtetĂ© et d’intelligence, Roger Payen, croisĂ© dans les archives mais furtivement en raison de sa trop grande discrĂ©tion. GrĂące Ă  Roger Payen8, j’ai pu attĂ©nuer voire corriger certaines apprĂ©ciations hĂątives, les unes trop sĂ©vĂšres Ă  l’égard des communistes, les autres trop gĂ©nĂ©reuses vis-Ă -vis des pĂ©nitentiaires. Reste que le rapport remarquable de prĂ©cision et d’honnĂȘtetĂ©, de courage aussi compte tenu du contexte de l’inspecteur gĂ©nĂ©ral des services de la prĂ©fecture de police et le superbe rĂ©cit » de Georges Altman9 ont continuĂ©, tout au long de ma dĂ©marche, de me servir de fil rouge. L’historien professionnel est condamnĂ© Ă  rouler ce rocher de Sisyphe-lĂ  par scrupule, il s’obstine Ă  vouloir tout lire tĂąche Ă©videmment illusoire pour finir par s’apercevoir, Ă©puisĂ©, que la vĂ©ritĂ© une parcelle, une microscopique parcelle, telle la Lettre volĂ©e d’Edgar Poe, Ă©tait lĂ  depuis le commencement. La vĂ©ritĂ©, disait Churchill, doit avoir une escorte de nuages. » Grandeur et misĂšre du mĂ©tier d’historien. PrĂ©ludes Prison Ă©clectique, prison politique 10 Je renvoie Ă  mon ouvrage Histoire de Fresnes, prison moderne », paru aux Ă©ditions Syros/La DĂ©cou ... 4InaugurĂ©e le 20 aoĂ»t 1867, la prison de la SantĂ© a Ă©tĂ© implantĂ©e, dans le 14e arrondissement, sur un terrain de 25 053 m2. GrĂące au percement des boulevards SĂ©bastopol bientĂŽt rebaptisĂ© Saint-Michel et Arago, il pouvait y ĂȘtre accĂ©dĂ© rapidement depuis la prĂ©fecture de police, le palais de justice et la caserne de Lourcine. Son architecte, Émile Vaudremer, avait rĂ©alisĂ© lĂ  une construction pĂ©nitentiaire Ă©clectique, qui tĂźnt compte Ă  la fois de la rĂ©flexion raffinĂ©e de la monarchie parlementaire autour de la cellule et du pragmatisme de la circulaire Persigny du 17 aoĂ»t 1853 par laquelle le Second Empire avait signifiĂ© la mise entre parenthĂšses qui devait s’avĂ©rer trĂšs provisoire du rĂȘve cellulaire 10. Prison de la SantĂ©. IntĂ©rieur du prĂ©au, 5e et 6e division Le Monde illustrĂ© du 26 fĂ©vrier 1870 5Le rĂ©sultat fut remarquable des cellules individuelles dans les quatre divisions 1 Ă  4 Ă  deux Ă©tages organisĂ©es en Ă©toile du Quartier Bas proche de la rue de la SantĂ© ; des dortoirs et, au rez-de-chaussĂ©e, des ateliers dans les huit divisions 5 et 7 Ă  13 Ă  trois Ă©tages du Quartier Haut donnant sur la rue Messier. Avec le retour au pouvoir des OrlĂ©anistes et la loi du 5 juin 1875 sur l’emprisonnement individuel, les dortoirs du Quartier Haut avaient Ă©tĂ© remplacĂ©s par des cellules un peu plus grandes que celles du Quartier Bas entre 1896 et 1898. Entre le Quartier Bas et le Quartier Haut, un long couloir et une sĂ©rie de marches, grĂące auxquelles sont gravis les huit mĂštres de dĂ©nivellation, forment un passage que surplombent une infirmerie de 40 lits et la 6e division, qui a Ă©tĂ© celle des homosexuels avant de devenir celle des politiques. 6La SantĂ© a Ă©tĂ© prĂ©vue pour un millier de dĂ©tenus, gardĂ©s par moins d’une centaine d’hommes 40 gardiens Ă  l’intĂ©rieur des murs et 50 policiers ou soldats pour le corps de garde. Le chiffre de 1 000 prisonniers est atteint dĂšs 1872. Prison de la SantĂ©. Admission des parents et des amis des dĂ©tenus L’Univers illustrĂ© du 5 mars 1870 7En 1897, cependant que les cellules du Quartier Haut Ă©taient en cours d’amĂ©nagement, Ă©tait ouvert le quartier des condamnĂ©s Ă  mort. Ainsi que celui des politiques, car l’ouverture de Fresnes un an plus tard devait entraĂźner la fermeture de Sainte-PĂ©lagie, la prison des politiques, pour lesquels un rĂ©gime spĂ©cial avait Ă©tĂ© adoptĂ© le 4 janvier 1890. L’ouverture de Fresnes, encore elle, devait entraĂźner aussi la spĂ©cialisation » de la SantĂ©, dĂšs lors maison d’arrĂȘt vouĂ©e Ă  recevoir les prĂ©venus quand la Conciergerie, maison de justice, Ă©tait rĂ©servĂ©e aux accusĂ©s et Fresnes, maison de correction, aux condamnĂ©s Ă  l’emprisonnement correctionnel de moins d’un an. Cette spĂ©cialisation devait se poursuivre jusqu’en 1938, quand le chiffre de la population pĂ©nale commença de s’envoler avec l’arrivĂ©e de Daladier Ă  la prĂ©sidence du Conseil. 8Dans les chaudes annĂ©es » 1925-1927, au sein de la Six » la division des politiques, se mĂ©langent dans une cohabitation sereine les reprĂ©sentants des deux extrĂȘmes, communistes et royalistes. Au cours de la cĂ©lĂšbre Ă©vasion du 26 juin 1927, s’évaporent en mĂȘme temps dans la nature LĂ©on Daudet, fils d’Alphonse et compagnon de Maurras Ă  l’Action Française, et Pierre Semard, le futur martyr communiste de la prison d’Évreux. Il n’y a guĂšre que Messali Hadj Ă  devoir mener, en 1934, une grĂšve de la faim avant d’ĂȘtre affectĂ© en 6e division Un Arabe n’a pas droit au rĂ©gime politique », lui aurait assĂ©nĂ© le directeur. La situation devait se dĂ©grader par la suite pour les politiques » fin 1937, les Cagoulards sont confondus avec les droit commun, jusqu’à ce que Daladier consente Ă  les rĂ©unir Ă  la Six », oĂč ils allaient organiser une cĂ©rĂ©monie des couleurs dans la courette de la division. Et c’est Ă  la Six » que Joseph Darnand, responsable de la Cagoule pour Nice et le Sud-Est, arrĂȘtĂ© Ă  Nice le 14 juillet 1938 – un 14 juillet ! –, est affectĂ©, dĂšs son arrivĂ©e Ă  la SantĂ© le 20 juillet. LibĂ©rĂ© le 16 dĂ©cembre, il reçut Ă  la SantĂ© les visites assidues de Jean Bassompierre, un tout jeune lieutenant de rĂ©serve. De Darnand et de Bassompierre, on aura l’occasion de reparler. 11 Le dĂ©cret-loi de Daladier du 26 septembre 1939 avait restreint considĂ©rablement le champ d’applica ... 9Le 23 aoĂ»t 1939, est annoncĂ© le pacte de non-agression germano-soviĂ©tique, le parti communiste français est dissous le 26 septembre. Dans la nuit du 7 au 8 octobre, il est procĂ©dĂ© Ă  l’arrestation de nombreux responsables communistes, qui sont Ă©crouĂ©s Ă  la SantĂ© le 11. Reclus Ă  la 10e division du Quartier Haut, les Billoux, Croizat et autre Renaud Jean se voient appliquer, sans aucun mĂ©nagement ni amĂ©nagement, le strict rĂ©gime des droit commun11. Difficile de toutes les maniĂšres de loger » tous les communistes Ă  la Six », ils sont bien trop nombreux Ă  la fin mars 1940, pas moins de 3 400 communistes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, dont 1 460 pour le seul dĂ©partement de la Seine. Les gardiens de la SantĂ©, les descendants pourtant des pĂšres fondateurs du premier syndicat – trĂšs liĂ© Ă  la CGT – de gardiens créé sous forme d’association dans les premiĂšres annĂ©es du XXe siĂšcle, n’en sont pas cependant affectĂ©s outre mesure. L’anarchiste et pacifiste Henri Jeanson, qui avait entrepris fin novembre 1939 une grĂšve de la faim pour bĂ©nĂ©ficier du statut de prisonnier politique, a recueilli sur ce point le tĂ©moignage d’un vieux gardien-chef cĂ©gĂ©tiste prĂšs de la retraite et qui avait bien connu la Six » des annĂ©es 1920 et 1930 12 Jeanson Henri, La Police partout. La Justice nulle part », Crapouillot, 21, 1953, p. 27. Jeans ... Une vraie pagaille ! Non, le rĂ©gime politique ce n’est pas une vie pour l’administration ! Nous avons dĂ©jĂ  Ă©tĂ© assez emmerdĂ©s comme ça avec Daudet. Sans parler de Vaillant-Couturier qui faisait de la peinture ! Et Maurras ! Ah celui-lĂ , quelle comĂ©die ! Et Doriot donc ! Avec lui, fallait filer doux ! Il y avait de quoi devenir fou. On n’était plus chez soi. Non, voyez-vous, il faut se mettre Ă  la place des gens. Et d’ailleurs, le quartier politique n’a pas Ă©tĂ© prĂ©vu pour recevoir toute une population. Songez que toute une division est occupĂ©e par les dĂ©putĂ©s communistes et leurs partisans12. » 10La pagaille est pire en 1940, les communistes se trouvant mĂ©langĂ©s cette fois avec des hommes de l’extrĂȘme droite, tels Lesca et Laubreaux de Je suis partout, arrĂȘtĂ©s le 5 juin sur ordre du ministre de l’IntĂ©rieur Georges Mandel, lequel devait le payer de sa vie quatre ans plus tard. La SantĂ© dans la guerre 13 Marie-Claude Vaillant-Couturier milite au parti communiste depuis 1934. ArrĂȘtĂ©e en fĂ©vrier 1942, e ... 14 Danielle Casanova est l’épouse de Laurent, le secrĂ©taire de Thorez. Elle est arrĂȘtĂ©e et dĂ©portĂ©e e ... 15 Agent d’assurances et producteur de cinĂ©ma, Gilbert Renault est ĂągĂ© de 35 ans quand il se prĂ©sente ... 16 NĂ©e en 1907, ethnologue, elle rejoint le rĂ©seau du musĂ©e de l’Homme. DĂ©noncĂ©e, elle connaĂźt la San ... 11Le 10 juin 1940, la SantĂ© est Ă©vacuĂ©e. Quatre jours plus tard, les Allemands sont dans Paris. Et bientĂŽt Ă  la SantĂ©. Au Quartier Bas tout du moins divisions 1, 2, 3, 4 et 6, qui passe sous le contrĂŽle des envahisseurs. Ce Quartier Bas va mĂȘme devenir mixte jusqu’à fin 1942 y sĂ©journent par exemple Marie-Claude Vaillant-Couturier13 et Danielle Casanova14, mais aussi les sƓurs du colonel RĂ©my15, Maisie et Isabelle Renault, affectĂ©es en 2e division, cependant que Germaine Tillion16 l’était en 1re. Les terroristes », hommes ou femmes, occupaient le plus souvent ces deux divisions, les femmes Ă  un Ă©tage et les hommes Ă  l’autre. Mais on en trouvait aussi en 3e et en 4e, qui partageaient les cellules des droit commun. 12Autant les Allemands que les pĂ©nitentiaires français du Quartier Haut vont ĂȘtre submergĂ©s bientĂŽt par une extraordinaire marĂ©e humaine qui s’engouffre dans tout le parc pĂ©nitentiaire français 34 000 dĂ©tenus en moyenne en 1940, 36 000 en 1941, 50 000 en 1942, 55 000 en 1943, 59 000 en 1944. À la SantĂ©, on est rapidement trĂšs loin du millier de dĂ©tenus initialement prĂ©vu, ce chiffre eĂ»t-il Ă©tĂ© portĂ© trĂšs exactement Ă  1 102 lors de la transformation du Quartier Haut en quartier cellulaire il va se trouver trĂšs vite multipliĂ© par quatre ou cinq. Et le chiffre ne diminue pas quand, en septembre 1942, les Allemands commencent Ă  dĂ©serter la SantĂ© pour Fresnes, dont ils vont faire leur lieu d’enfermement parisien de prĂ©dilection au printemps de 1943. La SantĂ© y perd sa garnison allemande, pas ses politiques, du moins les hommes, ceux qu’arrĂȘte la police française. 17 TĂ©moignage de Roger Payen, mars 2006. 13La prison est alors restructurĂ©e. Les politiques sont transportĂ©s » au Quartier Haut les prĂ©venus cĂŽtĂ© pair des 11e et 13e divisions et cĂŽtĂ© impair de la 14e, les condamnĂ©s au rez-de-chaussĂ©e de la 9e, le Quartier Bas Ă©tant rĂ©servĂ© aux jeunes droit commun. La sĂ©paration ne s’est pas faite en un jour, elle ne fut rĂ©alisĂ©e entiĂšrement qu’à partir de mai 1943. Était-ce vraiment une faveur ? Beaucoup quittĂšrent des cellules donnant sur le chemin de ronde pour d’autres dont les fenĂȘtres s’ouvraient sur des cours loin du monde extĂ©rieur ; une division, la 14e, considĂ©rĂ©e comme la plus infecte de la prison, ne voyait jamais le soleil. Les prisonniers y vivaient dans une atmosphĂšre de cave humide et malsaine. Il ne faudrait pas s’imaginer cependant un isolĂąt les politiques entendaient journellement par leurs fenĂȘtres les conversations qu’échangeaient entre eux les droit commun de la haute surveillance », oĂč Ă©taient confinĂ©s les dĂ©tenus condamnĂ©s aux plus lourdes peines ou ceux considĂ©rĂ©s comme les plus dangereux. Les paroles rebondissaient parfois d’un mur Ă  celui d’en face, et les Ă©changes d’insultes quelquefois et d’informations le plus souvent n’étaient pas rares entre politiques et grands criminels. Roger Payen, dĂ©tenu politique Ă  la SantĂ© depuis mars 1943, a raison d’y insister si les politiques se sont battus pour ĂȘtre regroupĂ©s entre eux et obtenir un certain nombre d’avantages, ils n’en mĂ©prisaient pas pour autant les droit commun qu’ils considĂ©raient comme des victimes de la situation et du monde dans lequel nous vivons17. » Vue aĂ©rienne de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© Coll. P. Zoummeroff 18 Ibid. 14C’est Ă  Roger Poirier, affectĂ© Ă  la SantĂ© comme faisant fonction de directeur le 1er janvier 1938 et promu directeur le 31 mars 1938, qu’il appartint d’organiser le quartier des politiques. Depuis le dĂ©but des hostilitĂ©s, le rĂ©gime spĂ©cial dit rĂ©gime politique » avait Ă©tĂ© supprimĂ© dans les Ă©tablissements pĂ©nitentiaires. Poirier trouve, quand il revient de captivitĂ© fin 1941, les dĂ©tenus politiques mĂ©langĂ©s aux dĂ©tenus de droit commun, au hasard des affectations faites Ă  l’arrivĂ©e. Il semble qu’il ait commencĂ© de rassembler les dĂ©tenus politiques dans des divisions et cellules contiguĂ«s au sein mĂȘme du quartier français. Cela s’est fait cellule par cellule, quartier par quartier, jusqu’en mai 1943, le dĂ©part des Allemands Ă  l’automne 1942 ayant permis un regroupement de plus grande envergure, sans que fussent brisĂ©s les rassemblements qui avaient commencĂ© d’ĂȘtre opĂ©rĂ©s. Par la suite, des mutations de cellule Ă  cellule furent accordĂ©es, sur la demande des intĂ©ressĂ©s, pour placer ensemble des prisonniers de mĂȘme niveau intellectuel ou bien ayant dĂ©jĂ  entre eux des relations de sympathie bien Ă©tablies. Poirier rĂ©unit parfois des prisonniers appartenant Ă  la mĂȘme famille pĂšre et fils, frĂšres, beaux-frĂšres, etc.. C’était rompre avec une vieille rĂšgle pĂ©nitentiaire sĂ©parer systĂ©matiquement les prisonniers ayant entre eux un lien de parentĂ© Ă©tablie depuis la Monarchie de Juillet sous le prĂ©texte de motifs de discipline et de sĂ©curitĂ©. Ces affectations, il faut le noter, ne furent effectuĂ©es que suivant le bon vouloir de la direction. MalgrĂ© l’extrĂȘme encombrement de la prison, il n’y eut plus au maximum, au milieu de 1943, que quatre prisonniers politiques par cellule souvent il n’y en avait que trois avec fournitures de literie complĂštes pour chacun d’eux. Dans les cellules identiques de droit commun, il existait alors jusqu’à 6, 7 et 8 dĂ©tenus, avec un nombre rĂ©duit de fournitures de couchage. Ce modeste et trĂšs relatif encombrement des cellules du quartier des politiques ne dura que peu de temps Roger Payen eut Ă  survivre, Ă  partir du dĂ©but de l’annĂ©e 1944, dans des cellules occupĂ©es par pas moins de 8 prisonniers. Chaque cellule Ă  la SantĂ© possĂšde deux fenĂȘtres. L’une Ă©tait vissĂ©e Ă  demeure et condamnĂ©e dĂ©finitivement. L’autre avait une course limitĂ©e par une tringle de fer ne permettant que son entrebĂąillement. Il fut tolĂ©rĂ©, pour les politiques, que les deux fenĂȘtres pussent ĂȘtre ouvertes en grand Ă  volontĂ©. Ceux-ci n’avaient de toutes les façons pas attendu d’y ĂȘtre autorisĂ©s pour en forcer l’ouverture. Fut cependant confirmĂ©e l’interdiction de grimper aux fenĂȘtres, et les politiques furent avertis que l’abus des communications, chants, trafics, etc., entraĂźnerait la suppression de cette mesure. Évidemment, les escalades, communications, cris et manifestations allĂšrent bon train, mais les fenĂȘtres demeurĂšrent ouvertes. Une circulaire de l’administration centrale avait rĂ©duit formellement le droit aux colis de vivres reçus de l’extĂ©rieur par les dĂ©tenus politiques Ă  un par mois au lieu d’un par semaine avant-guerre. Poirier continua d’accepter un colis par semaine pour les politiques comme pour les droit commun. En outre, les colis gratuits de la Croix-Rouge distribuĂ©s aux politiques Ă  raison de 50 par semaine, qui devaient ĂȘtre dĂ©falquĂ©s du nombre de colis familiaux autorisĂ©s, ne le furent jamais. Le poids limite des colis Ă©tait fixĂ© Ă  3 kg par les instructions ministĂ©rielles. Les dĂ©tenus politiques auraient dĂ©sirĂ© les recevoir plus lourds. Plusieurs d’entre eux demandĂšrent une audience au directeur pour lui soumettre cette revendication. Il reçut les dĂ©lĂ©guĂ©s » dans la bibliothĂšque oĂč les colis Ă©taient entreposĂ©s, leur demandant de contrĂŽler leur poids. Le dĂ©passement de poids Ă©tait sensible pour la majeure partie des paquets. Poirier ne pouvait donner un ordre Ă©crit, mais il n’intervint jamais auprĂšs du personnel prĂ©posĂ© Ă  la rĂ©ception pour qu’il applique la limitation Ă  3 kg. Il ne faudrait cependant pas exagĂ©rer l’importance des colis de la Croix-Rouge Roger Payen ne bĂ©nĂ©ficia que d’un seul pendant les 18 mois que dura son incarcĂ©ration18. La rĂ©ception des colis de vivres Ă©tait subordonnĂ©e au dĂ©pĂŽt des cartes d’alimentation accompagnĂ©es de tous les tickets non Ă©chus. Des exemptions furent accordĂ©es aux politiques ainsi qu’aux Juifs qui se trouvaient sans titre de rationnement Ă  l’arrivĂ©e. Une autre circulaire ministĂ©rielle prescrivait des mesures trĂšs sĂ©vĂšres de surveillance pour les parloirs des dĂ©tenus politiques. Poirier dĂ©cida qu’elle Ă©tait inapplicable Ă  la SantĂ©. Les parloirs continuĂšrent jusqu’à la fin de la guerre sans modification restrictive. De tout temps, mĂȘme lorsque la maison ne contenait que 800 dĂ©tenus, les promenades sur les cours n’avaient lieu que tous les deux jours et jamais le dimanche. En raison de l’effectif Ă©norme de la pĂ©riode de la guerre, il Ă©tait matĂ©riellement impossible de modifier ce rĂ©gime en l’amĂ©liorant, et la durĂ©e des promenades se trouvait en outre trĂšs raccourcie. Sans rien changer pour les dĂ©tenus de droit commun, Poirier doubla la durĂ©e de chaque promenade pour les dĂ©tenus politiques puis institua pour eux seuls une promenade supplĂ©mentaire le dimanche. Cependant, au printemps de 1944, et plus encore aprĂšs le dĂ©barquement, les promenades furent le plus souvent suspendues. 15MalgrĂ© la destruction quasi-totale de la bibliothĂšque de la prison Ă  la suite de l’exode de juin 1940, Poirier rĂ©ussit Ă  faire distribuer un volume par semaine Ă  chaque dĂ©tenu politique. En outre les demandes des dĂ©tenus politiques pour recevoir directement de leur famille des livres techniques ou instructifs Ă©taient accueillies plus largement que pour les dĂ©tenus de droit commun. Des fouilles trĂšs minutieuses avaient Ă©tĂ© prescrites dans les cellules par des Ă©quipes spĂ©cialisĂ©es de surveillants. Pour donner satisfaction aux revendications des dĂ©tenus politiques, Poirier tolĂ©ra leur prĂ©sence dans les Ă©tages, Ă  proximitĂ© immĂ©diate de la porte ouverte de leur cellule, afin de leur permettre de contrĂŽler la rĂ©gularitĂ© des opĂ©rations de fouille. Des instructions furent donnĂ©es aux surveillants pour qu’ils apportent beaucoup de doigtĂ© dans ce travail. Le rĂšglement intĂ©rieur interdisait formellement tous les jeux, la possession de couteaux, de faire du feu dans les cellules, etc. Lorsqu’il s’agissait de dĂ©tenus politiques, le personnel fermait les yeux sur ces menues infractions alors qu’il se montrait intransigeant envers les dĂ©tenus de droit commun. Si le directeur ne pouvait s’abstenir de sanctionner les infractions graves dĂ©fĂ©rĂ©es au prĂ©toire disciplinaire, il nuançait trĂšs soigneusement les sanctions, suivant qu’il s’agissait des dĂ©tenus politiques ou des dĂ©tenus de droit commun. Il arriva cependant qu’il se fourvoya. 16À cĂŽtĂ© de ces mesures collectives, Poirier rendit d’innombrables services Ă  des dĂ©tenus politiques ou Ă  leur famille. 17Certains rĂ©sistants devaient lui reprocher, Ă  la LibĂ©ration, de ne pas en avoir accordĂ©s davantage. Ils n’ont sans doute pas tort les avantages prĂ©conisĂ©s par Poirier Ă  l’égard des politiques n’eurent qu’une application limitĂ©e, de plus en plus limitĂ©e Ă  partir de 1944, et qui l’aurait Ă©tĂ© encore davantage si la pression des politiques n’avait pas Ă©tĂ© permanente. D’un autre cĂŽtĂ©, Poirier devait compter avec l’administration centrale – plus que jamais quand, Ă  partir du 1er janvier 1944, elle fut sous la coupe des miliciens – ainsi qu’avec les dĂ©tenus de droit commun, qui supportaient difficilement ce rĂ©gime qu’ils considĂ©raient comme de faveur. Il va de soi aussi que Poirier agit ainsi pour des motifs essentiellement de paix pĂ©nitentiaire. Avec la complicitĂ©, au moins passive, d’un certain nombre de hauts dignitaires » de cette administration, les Pinatel, Lhez, etc., recrutĂ©s avant la guerre et qui devaient rester en place jusqu’à la LibĂ©ration et aprĂšs. Poirier Ă©tait un homme de droite, conservateur, certainement pas un fasciste, en aucun cas un antisĂ©mite. C’était un officier, droit dans ses bottes », et qui avait la chance inouĂŻe d’avoir une femme extraordinaire de courage et de militantisme, envahissante parfois mais qui devait lui donner des marques Ă©clatantes de son amour profond et indĂ©fectible quand le pauvre Poirier fut, Ă  la LibĂ©ration, la victime quasi innocente, expiatoire, de certains prisonniers. 18L’adjoint direct de Poirier, encore qu’il n’en possĂ©dĂąt pas le titre, Ă©tait Maurice Couget. Il avait Ă©tĂ© nommĂ© sous-directeur Ă  la SantĂ© le 15 novembre 1942. Maurice Couget, sous-directeur Ă  la prison de la SantĂ© 19 Dans ses propos recueillis par Martine Garcin et que celle-ci m’a communiquĂ©s. Je lui en sais un g ... 19C’est, du moins en apparence, tout le contraire de Poirier. Haut dignitaire de la franc-maçonnerie et responsable syndical au plan national, cet homme de gauche avait Ă©tĂ© placĂ© lĂ  pour s’occuper plus spĂ©cialement des politiques – et accessoirement des dĂ©tenus de droit commun difficiles » ou condamnĂ©s Ă  de longues peines soumis Ă  la haute surveillance. Couget est un homme de terrain. Toute la journĂ©e il parcourt la dĂ©tention, rendant frĂ©quemment visite aux politiques dans leurs cellules. Il accompagne, mieux amplifie les mesures accordĂ©es par Poirier ou mieux encore, fin connaisseur de la vie quotidienne des prisonniers, il les adapte, au ras du sol des cellules, se soucie de dĂ©tails qui, en prison, acquiĂšrent une importance dĂ©multipliĂ©e. Par exemple, il veille en personne Ă  l’épluchage des lĂ©gumes, impose des changements de draps plus frĂ©quents les dĂ©tenus Ă©taient restĂ©s par exemple avec le mĂȘme drap de mai Ă  aoĂ»t 1943, il fait procĂ©der Ă  une distribution mensuelle de savon, etc. La prĂ©sence constante de Couget contribua aussi, et ce n’est pas rien, Ă  ce que les rapports entre les surveillants et certains dĂ©tenus politiques s’amĂ©liorent sensiblement. Autre mesure de faveur extraordinaire, les politiques obtinrent que certains d’entre eux soient admis Ă  ĂȘtre reçus par le sous-directeur comme dĂ©lĂ©guĂ©s », afin de lui soumettre les revendications de leurs mandants ». Les dĂ©lĂ©guĂ©s ne furent jamais reconnus officiellement par la direction, mais seulement par Couget. Il est d’ailleurs symptomatique » que Roger Payen fasse19 de Maurice Couget le directeur de la SantĂ©, ce qu’il n’a jamais Ă©tĂ©. Il semble que Couget avait des relations privilĂ©giĂ©es avec les vrais responsables politiques parmi lesquels Roger Payen, les directeurs successifs, Poirier puis Farge, privilĂ©giant des relations avec l’ancien dĂ©putĂ© communiste Dutilleul. TrĂšs apprĂ©ciĂ© par les rĂ©sistants non communistes, le sous-directeur Couget en vint Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ© trĂšs vite par les communistes comme un lĂąche, un hypocrite, tentant de miser sur les deux tableaux ». Dutilleul continua d’entretenir cependant avec lui des relations suivies, et apparemment cordiales, voire amicales. Ce n’était qu’une apparence. Un homme aussi perspicace que Roger Payen, le vĂ©ritable reprĂ©sentant des communistes avec son ami Maucherat, avait eu vite fait quant Ă  lui de percer la vĂ©ritable personnalitĂ© de Couget. Il faut apporter ici quelques nuances importantes les directeurs Poirier et Farge exagĂ©rĂšrent vraisemblablement, Ă  la LibĂ©ration, l’importance et la nature de leurs relations avec Dutilleul, en vue de se dĂ©douaner » ; et l’intĂ©rĂȘt vital de Dutilleul, qui occupait une place essentielle dans l’organigramme du parti communiste, Ă©tait de demeurer en retrait, s’il ne voulait pas connaĂźtre le sort fatal qui fut celui des dirigeants communistes incarcĂ©rĂ©s. 20MalgrĂ© Poirier, malgrĂ© Couget, les politiques eurent, surtout de mai 1943 Ă  juillet 1944, maintes fois l’occasion d’exprimer leur mĂ©contentement. Et il faut souligner ici que beaucoup des amĂ©liorations en leur faveur, que s’attribuĂšrent tant Poirier que Couget Ă  la LibĂ©ration, ne furent obtenues que de haute lutte. Ainsi, Ă  partir de la fin octobre 1943, les politiques manifestĂšrent chaque jour pendant onze jours pour obtenir une promenade quotidienne. Si c’était impossible vu le nombre de dĂ©tenus, ils se virent accorder une promenade les dimanches et jours de fĂȘte, en plus des trois promenades par semaine, et la durĂ©e de chaque promenade fut portĂ©e de 10 Ă  30 minutes. Mesure toute provisoire, on l’a dit. Une administration pĂ©nitentiaire milicienne ? 20 AndrĂ© Baillet Ă©tait auparavant directeur des Renseignements gĂ©nĂ©raux de la prĂ©fecture de police. L ... 21La prison de la SantĂ© avait donc Ă©tĂ© restructurĂ©e Ă  partir de fin 1942. Un an plus tard, c’est au tour de la direction pĂ©nitentiaire centrale de l’ĂȘtre. Cela se fait en deux temps le 15 septembre 1943, la PĂ©nitentiaire » quitte le ministĂšre de la Justice pour le secrĂ©tariat d’État Ă  l’IntĂ©rieur ; puis, le 31 dĂ©cembre, pour le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral au Maintien de l’Ordre, Ă  la tĂȘte duquel vient d’ĂȘtre nommĂ©, pour remplacer RenĂ© Bousquet, le chef de la Milice et ancien dĂ©tenu de la SantĂ© Joseph Darnand. Celui-ci va s’adjoindre un certain nombre de collaborationnistes ou de miliciens pur jus pour diriger l’administration pĂ©nitentiaire. À la tĂȘte desquels le duo infernal AndrĂ© Baillet-Jocelyn Maret, respectivement directeur gĂ©nĂ©ral et directeur gĂ©nĂ©ral adjoint20. 22Les deux compĂšres vont bientĂŽt s’appuyer pour mener leur sinistre besogne sur la loi du 20 janvier 1944, complĂ©tĂ©e par celle du 11 fĂ©vrier de la mĂȘme annĂ©e, qui institue les cours martiales. Le bien fondĂ© de cette loi est revendiquĂ© par Laval en personne J’ai acceptĂ© de prendre personnellement devant l’Histoire, et devant mon pays, cette trĂšs lourde responsabilitĂ© de crĂ©er des cours martiales. J’ai la certitude que cette loi sera bien accueillie par le pays, qui reprochait au gouvernement sa faiblesse [
] J’invite le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral au Maintien de l’ordre Ă  traduire devant les cours martiales le maximum de terroristes pris sur le fait. » Plaque commĂ©morative de l’exĂ©cution des patriotes de l’Aube. Maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 21 Carlier Christian, Paul Amor et l’affaire de la prison de Laon », op. cit., p. 54-80. 22 NoguĂšres Henri, en collaboration avec Marcel Degliame-FouchĂ©, Histoire de la RĂ©sistance en Franc ... 23Le jour mĂȘme de l’exĂ©cution de Laon21, le 19 avril 1944, sont arrivĂ©s Ă  la SantĂ© 37 rĂ©sistants FFI de l’Aube arrĂȘtĂ©s en fĂ©vrier et incarcĂ©rĂ©s Ă  Clairvaux avant de passer par la prison de ChĂąlons-sur-Marne. Des gamins d’une vingtaine d’annĂ©es sinon moins, incarcĂ©rĂ©s aprĂšs l’arrestation d’un dirigeant du mouvement CDLL Ceux de la LibĂ©ration, Jean Hoppenot, qui Ă©chappa Ă  la mort – provisoirement, dĂ©portĂ© en Allemagne, il fut exterminĂ© au camp de Flossenburg22. On parque les 37 dans une division rĂ©servĂ©e aux droit commun afin qu’ils n’aient aucun contact avec les politiques. C’est Ă©videmment impossible le matin qui prĂ©cĂ©da leur condamnation, les communistes BrĂ© et Payen ils devaient se retrouver au journal L’HumanitĂ© Ă  la LibĂ©ration rĂ©ussirent Ă  s’entretenir avec le responsable de ce groupe, Robert MassĂ©, qui les renseigna sur les motifs de leur arrestation et sur les sĂ©vices dĂ©jĂ  supportĂ©s par ses camarades et lui-mĂȘme Ă  la prison de ChĂąlons-sur-Marne. Un gardien ayant aperçu les deux politiques leur ordonna sans mĂ©nagement de changer de cour, les ordres Ă©tant formels Aucun contact ». 23 Archives nationales AN, sĂ©rie BB 18 n° 3565. 24Dans la nuit du 29 au 30 avril, une centaine de miliciens a pris place dans et aux abords de la SantĂ©. Maret prĂ©side la cour martiale, qui ne prononce pas moins de neuf condamnations Ă  la peine capitale. Les neuf ont 21 ans et demi de moyenne d’ñge, quatre n’ont pas atteint leur vingtiĂšme annĂ©e. Ces gamins, qui ne connaissent pas la sentence, regagnent leurs cellules chargĂ©s de chaĂźnes. Une palissade est installĂ©e dans le chemin de ronde. Ils sont passĂ©s par les armes le lendemain matin. Au bruit des coups de feu, se produit une assez violente rĂ©action qui s’est manifestĂ©e par des cris » mais qui a Ă©tĂ© de courte durĂ©e », note Poirier dans son rapport23. Effectivement, la Marseillaise est entonnĂ©e Ă  cette occasion par les politiques du Quartier Haut et les droit commun. À l’unisson. Une rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale ? Malheureusement non, chacun devait, comme on va le voir, agir en ordre dispersĂ© lors de la tragique journĂ©e du 14 juillet suivant. 25Couget assista Ă  cette parodie de justice. Les communistes apprirent trĂšs vite qu’il se rĂ©pandait en propos injurieux Ă  l’égard des martyrs ses propos avaient Ă©tĂ© rapportĂ©s innocemment » par des surveillants aux dĂ©tenus politiques. Dutilleul demanda Ă  rencontrer Couget, accompagnĂ© de BrĂ©, l’un de ses fidĂšles lieutenants. BrĂ© devait se montrer beaucoup plus tard tĂ©moignant devant la commission d’épuration extrĂȘmement critique Ă  l’égard de Couget 26 La prĂ©sence de Couget Ă  cette cour de criminels nous est apparue comme une complicitĂ© dans le crime accompli par l’ennemi. Nous avons pensĂ© qu’un fonctionnaire, aussi disciplinĂ© soit-il, en pareille circonstance devait refuser d’assister Ă  une telle parodie de justice. Plus grave encore, le lendemain 1er mai, Couget dĂ©clara sans doute pour attĂ©nuer les faits de la veille “que les condamnĂ©s Ă©taient de vils bandits et qu’entre autres Robert MassĂ© Ă©tait un rustre, que leur attitude devant la Cour Martiale avait Ă©tĂ© lamentable.” Il accorda plein crĂ©dit Ă  l’accusation et approuva ainsi la condamnation. » 27Couget reconnut toutefois que les condamnĂ©s avaient Ă©tĂ© courageux devant le peloton d’exĂ©cution et que celui qui la veille Ă©tait apparu comme le plus faible devant la Cour s’était montrĂ© fort devant la mort. Tous Ă©taient morts aux cris de Vive la France ». 28Roger Payen rencontra Couget quelques jours aprĂšs et lui fit part de son indignation Les bourreaux de la France viennent maintenant perpĂ©trer leur crime au coeur mĂȘme de la France, Ă  Paris. Pourquoi ? Est-ce une provocation, ou veut-on nous intimider ? Nous gardons la tĂȘte froide et nous ne rĂ©pondrons pas aux provocations [
] Nous savons que nos morts seront vengĂ©s. Si l’on croit nous intimider on se trompe, les assassins et tous ceux qui de prĂšs ou de loin, bourreaux ou complices devront rendre des comptes et payer. » 29Couget tenta trĂšs maladroitement de se justifier Vous savez, ce ne sont pas des Communistes qui ont Ă©tĂ© fusillĂ©s, ils sont morts en criant “Vive la France !” » Roger Payen poursuit 24 Grande figure du parti communiste, arrĂȘtĂ© le 18 mai 1941 et incarcĂ©rĂ© Ă  la SantĂ©, Gabriel PĂ©ri ava ... Je lui rappelai la fin de Gabriel PĂ©ri24 et de tant d’autres hĂ©ros. Pour nous ce n’est pas une question de Parti, c’est la France. Alors ce fut un torrent d’injures Ă  l’égard des 9 victimes de la Cour martiale. N’ayant pas condamnĂ© celle-ci il lui fallait condamner ceux-lĂ . Couget s’emporta “Des fripouilles, des bandits, leur chef Robert MassĂ© un rustre ambitieux qui se promenait avec un kĂ©pi de gĂ©nĂ©ral et une veste de lieutenant. Il terrorisait le village”. » 30Et Payen continue Je pourrais donner d’autres dĂ©tails, ses arguments Ă©taient ceux des Miliciens. Il rĂ©pĂ©ta ses propos devant d’autres membres de la dĂ©lĂ©gation Blanchou, etc. – Pour nous, ceux qui sont morts sont des Français et l’histoire fera justice des calomnies de la Cour martiale et de ses valets. Nous ferons leur procĂšs non Ă  huis clos mais au grand jour – C’est votre opinion nous rĂ©torqua M. Couget; mais j’assistai au jugement et j’ai acquis la conviction que ce n’était pas des patriotes qui Ă©taient jugĂ©s, mais de vulgaires fripouilles. » 31Conclusion de Roger Payen Quelques semaines aprĂšs il Ă©tait plus rĂ©servĂ© au sujet des fusillĂ©s du 30 avril. La radio de Londres les avait glorifiĂ©s. » Vue sur un quartier de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 32À compter de cette date, les communistes ont perdu toute confiance en Couget. Et plus gĂ©nĂ©ralement envers tous les responsables pĂ©nitentiaires, le directeur Poirier le premier. Celui-ci est alors l’objet des rumeurs les plus infondĂ©es. Ayant eu l’imprudence de dĂ©clarer Ă  un droit commun en rĂ©alitĂ© un rĂ©sistant condamnĂ© Ă  une petite peine pour de faux papiers, mais Poirier l’ignorait, Ă©vadĂ© puis repris, que s’évader Ă©tait une indignitĂ© », il fut taxĂ© de serviteur zĂ©lĂ© de Vichy [et] ennemi des Patriotes ». L’avocat des communistes Firmin Cocquerel qui assurait la correspondance clandestine du parti communiste avec les dĂ©tenus alla jusqu’à l’accuser, suivant l’avis unanime » de ses clients, d’avoir une attitude pro hitlĂ©rienne, saluant ses subordonnĂ©s la main tendue Ă  la fasciste dans les couloirs. » À la LibĂ©ration, Poirier dut s’expliquer Je me dĂ©fends aussi d’avoir jamais Ă©mis, soit verbalement soit par Ă©crit le moindre commentaire ou opinion sur l’attitude politique de quiconque. La politique ne m’intĂ©resse pas ; je n’en ai jamais fait ; et je n’avais pas Ă  faire Ă©tat ou Ă  tenir compte des opinions rĂ©elles ou supposĂ©es des uns ou des autres pour exercer mon mĂ©tier de directeur de prison [
] Je m’élĂšve avec indignation contre l’accusation d’attitude pro hitlĂ©rienne prĂȘtĂ©e par les clients dĂ©tenus de MaĂźtre Cocquerel. Rien dans mes propos ou dans mes actes ne peut justifier un tel avis, et ces Messieurs se sont trompĂ©s en dĂ©clarant m’avoir vu “saluer mes subordonnĂ©s la main tendue Ă  la fasciste dans les couloirs”. De tous temps, j’ai rendu le salut militaire que m’adressaient les agents, Ă  mon passage dans la dĂ©tention, en portant moi-mĂȘme la main au bord de mon chapeau, et personne dans mon entourage n’a jamais confondu ce geste bien français avec le salut fasciste. Dans la rue, je soulevais bien entendu ma coiffure parce que les rencontres Ă©taient beaucoup moins frĂ©quentes. Ce n’est d’ailleurs pas seulement aprĂšs la guerre que j’ai commencĂ© Ă  saluer de la sorte, et tout le personnel ancien confirmera que depuis qu’il me connaĂźt il m’a toujours vu rĂ©pondre Ă  son salut Ă  l’intĂ©rieur de l’établissement par ce geste Ă  la fois cordial, digne et bien français. » 33Pas simple d’ĂȘtre Ă  la fois officier, directeur de prison et Vieille France » dans une pĂ©riode aussi trouble. Pas simple d’accepter l’opprobre, de la part d’hommes dont on avait sauvĂ© le chef Dutilleul de la dĂ©portation et d’une mort presque certaine un an auparavant. Car c’est bien grĂące Ă  Poirier si le dĂ©putĂ© Dutilleul n’avait pas Ă©tĂ© remis aux Allemands qui le rĂ©clamaient en 1943. Quand une note de l’autoritĂ© allemande l’avertit que l’ancien dĂ©putĂ© communiste allait ĂȘtre emmenĂ© sous quelques heures par les Allemands, Poirier alerta immĂ©diatement le Parquet et le nĂ©cessaire put ĂȘtre fait pour que la mesure envisagĂ©e ne soit pas appliquĂ©e. 25 C’est le 8 avril que paraĂźt au JO un dĂ©cret de Laval du 1er avril sic portant nomination, sur pr ... 34Le directeur officiellement en poste le 14 juillet 1944 Ă  la SantĂ© a pour nom Farge. Jean Farge, qui assurait quelques semaines auparavant la direction de la Petite Roquette. L’inspecteur gĂ©nĂ©ral Jean Pinatel le considĂ©rait, au dernier jour de 1943 jour noir s’il en est, quand l’administration pĂ©nitentiaire est rattachĂ©e au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral au Maintien de l’Ordre Ă  la tĂȘte duquel venait d’ĂȘtre nommĂ© Joseph Darnand comme un excellent directeur. Psychologue, humain, diplomate. Sait ĂȘtre ferme Ă  l’occasion ». Jean Pinatel est trop bon Jean Farge est certes un brave homme, mais un homme malade, fatiguĂ©, qui gĂšre tout sans quitter son bureau. Le 30 mars 1944, il est nommĂ©, par nĂ©cessitĂ© de service, directeur 4e cl Ă  la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© en remplacement de M. Poirier, promu directeur rĂ©gional25 ». Il est installĂ© officiellement le 10 avril, mais Poirier remue ciel milicien et terre pĂ©nitentiaire pendant tout le mois d’avril 1944 pour faire nommer Couget directeur en ses lieu et place. Rien n’y fait et Jean Farge, qui en a profitĂ© pour se faire soigner et prendre des vacances en mai, finit par prendre ses fonctions pour de bon Ă  la SantĂ© le 10 juin 1944. Jean Farge, directeur Ă  la prison de la SantĂ© 26 Levy Jean-Pierre, avec la collaboration de Dominique Veillon, MĂ©moires d’un franc-tireur. ItinĂ©r ... 27 Ibid., p. 126. Un chapitre des MĂ©moires de Levy est intitulĂ© PlongĂ©e dans l’univers carcĂ©ral » ... 35C’est Ă  peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque que Maurice Couget est mis en relation avec une personnalitĂ© importante d’un organisme de rĂ©sistance, du nom de guerre de Maurice ». Il s’agit de Benjamin Roux, l’un des responsables des groupes francs de Franc-Tireur. Avec Charles » Charles Gonard, un Ă©tudiant de 22 ans, appartenant lui aussi aux groupes francs de Franc-Tireur et un interne en mĂ©decine de l’établissement, Jacques Donnars qui n’est autre que le neveu du directeur Farge, Couget participe Ă  l’évasion de Jean-Pierre Levy, dĂ©tenu sous une inculpation de droit commun. Jean-Pierre Levy, fondateur et animateur du mouvement de rĂ©sistance Franc-Tireur celui de Marc Bloch et de Georges Altman, avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par la police française le 16 octobre 1943 puis incarcĂ©rĂ© Ă  la SantĂ© le 21. Pour trafic de faux papiers et de textiles. Il partage sa cellule avec quatre autres droit commun. AprĂšs une premiĂšre tentative d’évasion manquĂ©e le 19 janvier 1944, Levy est extrait grĂące Ă  un certificat mĂ©dical de Donnars pour l’infirmerie de Fresnes le 12 juin 1944. Le fourgon cellulaire est interceptĂ© Ă  Villejuif par une vingtaine de rĂ©sistants et Levy enfin libĂ©rĂ©. Dans ses MĂ©moires, Jean-Pierre Levy, non seulement dĂ©crit Maurice Couget comme Ă©tant de notre cĂŽtĂ©26 », mais le montre participant de l’intĂ©rieur de la prison, en complicitĂ© avec l’interne Donnars, au montage du projet d’évasion27. Couget a cette fois fait ses preuves, il a commencĂ© de se racheter de la conduite et des propos qu’il a tenus lors du supplice des rĂ©sistants de l’Aube. Il est alors informĂ© du projet de faire Ă©vader la totalitĂ© des dĂ©tenus politiques pour les soustraire aux Allemands. Deux dĂ©tenus, dĂ©lĂ©guĂ©s communistes des politiques, ScrĂ©men et Blanchou, lui demandent d’entrer en rapport avec un dĂ©lĂ©guĂ© du FN Front National, proche des communistes pour Ă©tudier la question. Une premiĂšre prise de contact a lieu quelques jours plus tard avec le capitaine Marcel, attachĂ© Ă  l’état-major du colonel LizĂ© en rĂ©alitĂ© le colonel et futur gĂ©nĂ©ral de Margueritte, le second de Roi-Tanguy, commandant des FFI du dĂ©partement de la Seine, et un dĂ©lĂ©guĂ© du FN, Perrin. Divers scĂ©narios sont envisagĂ©s, sans qu’il y ait un dĂ©but de concrĂ©tisation. 36On a promis au directeur rĂ©gional Poirier un bel appartement en plein centre de Paris, mais les choses traĂźnent il finit par obtenir un appartement confisquĂ© Ă  un Juif, qu’il n’eut pas le temps d’occuper, mais cela aggrava encore son cas Ă  la LibĂ©ration et Roger Poirier continue d’habiter l’appartement de fonction du directeur de la SantĂ©. Il continue aussi de veiller au grain, a conservĂ© son rĂ©seau d’informateurs, a son homme lige dans l’établissement en la personne de Couget. Quand la mutinerie des droit commun Ă©clate, le 14 juillet 1944 passĂ© 22 heures, Roger Poirier est le premier Ă  pied d’Ɠuvre. Le 14 juillet des politiques Les jours d’avant 28 Limagne Pierre, ÉphĂ©mĂ©rides de quatre annĂ©es tragiques, Paris, Éditions de la Bonne Presse, 1946 ... 37Le dĂ©barquement en Normandie est intervenu dĂ©but juin. DĂšs le 6, la BBC invitait les policiers et gendarmes Ă  rejoindre la RĂ©sistance et ordonnait aux agents de l’administration pĂ©nitentiaire de libĂ©rer les patriotes et de prendre le large28 ». Le ministre de l’information de Vichy, le milicien Philippe Henriot, nommĂ© secrĂ©taire d’État Ă  la Propagande le 31 dĂ©cembre 1943, est abattu le 27 juin. La SantĂ© est pleine comme un gros Ɠuf 4 634 dĂ©tenus dont 464 Ă  titre politique, gardĂ©s par un effectif de 207 surveillants. Lhermite, alors premier surveillant, se souvient La discipline Ă©tait trĂšs relĂąchĂ©e, du fait de la surpopulation, du manque de personnel, et de la prĂ©sence Ă  l’établissement de prĂšs de 600 dĂ©tenus politiques, qui bĂ©nĂ©ficiaient d’un rĂ©gime de faveur, de tolĂ©rance, et qui prit de plus en plus d’ampleur jusqu’à la libĂ©ration. » 38Selon le commis Guy Duclercq, plusieurs rumeurs de rĂ©volte s’étaient propagĂ©es dans l’établissement depuis plusieurs mois. Certains dĂ©tenus avaient rapportĂ© ces bruits Ă  diffĂ©rentes reprises et la prĂ©fecture de police avait Ă©tĂ© avisĂ©e elle aussi d’une tentative en prĂ©paration Il Ă©tait difficile de savoir s’ils [les dĂ©tenus] ne faisaient la chose que pour obtenir des avantages. » Peut-ĂȘtre pas dĂ©but juin, Ă  la nouvelle du dĂ©barquement, les droit commun des 1Ăšre, 2e et 3e divisions avaient violemment tapĂ© dans les portes et dĂ©jĂ  entonnĂ© la Marseillaise, mais le reste de la dĂ©tention Ă©tait restĂ© coi. 39DĂšs le 20 juin, Jean Farge, le tout nouveau directeur de la SantĂ©, avait adressĂ© au directeur rĂ©gional Roger Poirier, auquel il venait de succĂ©der Ă  la tĂȘte de la prison, un rapport trĂšs alarmiste, suivant lequel les dĂ©tenus, trĂšs excitĂ©s depuis le 6 juin, prĂ©paraient une mutinerie 29 AN, sĂ©rie F 7 sĂ©rie n° 14 902. Les dĂ©tenus se communiquent entre eux des renseignements sur les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs ou intĂ©rieurs, soit en parlant par les fenĂȘtres trĂšs rapprochĂ©es, soit Ă  la faveur de rencontres fortuites ou prĂ©mĂ©ditĂ©es aux parloirs d’avocats, aux offices religieux, Ă  la visite mĂ©dicale, au dentiste, au coiffeur, Ă  la promenade, au prĂ©toire disciplinaire, aux extractions du Palais de Justice, Ă  la douche, aux parloirs des familles, renseignements dont la fantaisie se dĂ©veloppe souvent en une vĂ©ritable surenchĂšre d’inexactitudes ou d’exagĂ©rations29. ». 40En consĂ©quence de quoi des mesures Ă  caractĂšre exceptionnel avaient Ă©tĂ© prises, telles que suppression de promenades, refus d’ouvrir les portes par les gardiens, etc. L’ensemble de la SantĂ© Ă©tait averti que quelque chose Ă©tait dans l’air. Chemin de ronde de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 30 Institut Hoover, La vie de la France sous l’Occupation 1940-1944, Paris, Plon, 3 vol., p. 585. E ... 41Le 5 juillet, le collaborationniste Marcel Bucard, le pĂšre du francisme, est Ă©crouĂ©, ses gardes du corps ayant assassinĂ© deux policiers lors d’une perquisition » chez un joaillier juif qui a mal tournĂ©. Quoique inculpĂ© de meurtre et de vol, Bucard partage avec ses complices, parmi lesquels Guy de Boussac, une mĂȘme cellule. L’ambassadeur Otto Abetz vient visiter Bucard dans sa cellule de la SantĂ© et l’embrasse publiquement avant de le faire relĂącher le 29 juillet30. 31 Carlier Christian, Paul Amor et l’affaire de la prison de Laon », op. cit. 42Le 7 juillet, c’est au tour de Georges Mandel d’ĂȘtre affectĂ© Ă  une cellule de la 5e division, en tant que passager » – il est assassinĂ© le jour mĂȘme par des miliciens en forĂȘt de Fontainebleau. Le 25 avril, avait aussi Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© Ă  la SantĂ© Alexandre ThĂ©lut, 30 ans, surveillant de prison, pour connivence d’évasion. Il s’agit du surveillant stagiaire compromis dans l’affaire de la prison de Laon que j’ai tentĂ© de retracer par le menu dans un prĂ©cĂ©dent numĂ©ro de cette publication31. Il eut un rĂŽle actif dans la prĂ©paration du premier 14 juillet, celui des rĂ©sistants. 43Le directeur Jean Farge ne prend vĂ©ritablement ses fonctions que le 10 juin. Son Ă©tat de santĂ©, les congĂ©s, l’ont empĂȘchĂ© d’arriver plutĂŽt. Jean Farge aussi est un passager ». Il est bien lĂ  tous les matins aux environs de 8 h 30, arrive avec la voiture cellulaire qui part de la Roquette oĂč Farge continue de rĂ©sider et se rend Ă  la SantĂ© pour y prendre les dĂ©tenus Ă©trangers. Le midi, il mange dans son bureau, son repas Ă©tant le plus souvent fourni par le mess. Le soir, il repart vers 18-19 heures en empruntant la voiture cellulaire qui regagne la SouriciĂšre ; lĂ , Farge prend une autre voiture qui le ramĂšne Ă  la Roquette. En l’absence du mĂ©tro et en raison des nombreuses alertes, Farge ne dispose que de ce moyen de locomotion, le plus rapide pour se rendre Ă  son service. Quand Farge est Ă  la SantĂ©, il reste, on l’a dit, confinĂ© toute la journĂ©e dans son bureau. Farge est lĂ  sans ĂȘtre lĂ , la tĂȘte ailleurs, Ă  sa chĂšre Roquette. 44Jean Farge est un parfait honnĂȘte homme, qui traitait avec infiniment d’humanitĂ© ses » dĂ©tenues de la Petite Roquette. Il a rendu moult petits services Ă  la RĂ©sistance. Ou plutĂŽt, aux rĂ©sistantes de la Roquette. À la SantĂ©, il va se dĂ©charger de quasiment toutes ses responsabilitĂ©s sur Couget, le candidat malheureux Ă  la succession de Poirier. Jean Farge a amenĂ© dans ses bagages son neveu, un jeune interne en mĂ©decine, Jacques Donnars, alors qu’il [Farge] savait que j’appartenais Ă  la rĂ©sistance et pour les besoins de celle-ci ». C’est Donnars qui parle, Donnars qui a averti son oncle de l’évasion projetĂ©e qui doit se faire avec la complicitĂ© active de Couget de Levy MalgrĂ© les responsabilitĂ©s qu’il encourait pour cette affaire il [Farge] ne m’en dissuada pas, bien au contraire », dit Donnars. Farge ne fait aucune objection non plus quand Donnars manifeste le dĂ©sir de prendre avec lui pour faire la visite mĂ©dicale des politiques le communiste GĂ©rard Hilsum, afin qu’il pĂ»t ainsi converser plus librement avec ses camarades. GĂ©rard Hilsum ne devait en manifester aucune reconnaissance au directeur, qu’il accabla aprĂšs la LibĂ©ration. 32 TĂ©moignage de Roger Payen, mars 2006. 45Mais revenons Ă  l’atmosphĂšre qui rĂšgne dans la prison dans les jours qui prĂ©cĂšdent le 14 juillet. Des papiers circulent en permanence dans toute la dĂ©tention, celle des politiques et celle des droit commun, les Ă©changes entre les uns et les autres sont permanents, la direction feindrait-elle de les ignorer. Des papiers appelant Ă  l’émeute, Ă  l’évasion collective, et toujours signĂ©s des politiques ils appellent en particulier les droit commun Ă  rĂ©pondre au signal qui serait donnĂ©, au chant de L’Internationale, de dĂ©foncer les portes de leur cellule. Pour Roger Payen, le fait que les papiers en question eussent Ă©tĂ© signĂ©s des seuls politiques est le premier indice d’une provocation l’indice le plus probant consistant dans le fait que l’émeute eĂ»t Ă©tĂ© inaugurĂ©e par le chant de L’Internationale32. Quoi qu’il en soit, l’agitation est quotidienne, elle revĂȘt des formes multiples protestation pour la soupe, refus de promenade, etc. Elle est le fait tant des politiques que des dĂ©tenus de la haute surveillance », qui communiquent plus que jamais entre eux par les fenĂȘtres. Dans les nombreuses tournĂ©es qu’il fait dans la maison, le premier surveillant Lhermite apprend de son cĂŽtĂ©, quelques jours avant le 14 juillet, de la bouche de dĂ©tenus auxiliaires, que des bruits de manifestation circulent, mais cette fois parmi les seuls dĂ©tenus de droit commun. Un mot d’ordre lancĂ© par la radio de Londres, LibĂ©rez les politiques Ă  l’exclusion des dĂ©tenus de droit commun », a mis le feu aux poudres. À la SantĂ© mais aussi dans les prisons dĂ©tenant principalement ou exclusivement des droit commun ». La maison centrale de Melun par exemple est en Ă©bullition. 46MalgrĂ© son dĂ©sir de savoir, Lhermite ne rĂ©ussit pas Ă  connaĂźtre la nature et le but de la manifestation projetĂ©e J’appris seulement que des dĂ©tenus se passaient des mots d’ordre entre eux, par les fenĂȘtres, le soir aprĂšs la fermeture ; faits qui me furent confirmĂ©s par les dĂ©tenus politiques. » II fait part de ses apprĂ©hensions au surveillant chef J’ai tout lieu de croire que le surveillant chef tenait M. le Directeur au courant des bruits qui circulaient dans l’établissement ». Le surveillant chef Delpont se souvient lui aussi qu’une certaine effervescence parmi la population dĂ©tenue avait Ă©tĂ© remarquĂ©e dans les jours prĂ©cĂ©dant le 14 juillet Par diffĂ©rents renseignements recueillis auprĂšs des premiers surveillants et de certains dĂ©tenus, j’appris que les dĂ©tenus de droit commun, et en particulier les jeunes dĂ©tenus Ă©taient excessivement agitĂ©s et que des manifestations Ă©taient Ă  craindre. Aucun de mes informateurs ne put toutefois me renseigner ni sur le caractĂšre de ces manifestations, ni Ă  quel moment elles pouvaient se produire. MalgrĂ© l’imprĂ©cision de ces renseignements au fur et Ă  mesure qu’ils me parvinrent, j’en rendis compte Ă  mes supĂ©rieurs. » 47En rĂ©alitĂ©, la direction est avertie de ce qui se trame depuis le mardi 11 juillet. 48Un de ces fameux papiers » lui a Ă©tĂ© remis, suivant lequel la journĂ©e du lendemain le 12 risquait d’ĂȘtre chaude Les trois meneurs, ainsi que plusieurs co-dĂ©tenus, immobiliseraient le surveillant de service et l’empĂȘcheraient de donner l’alarme. » Une enquĂȘte est diligentĂ©e par le sous-directeur Maurice Couget, deux supposĂ©s meneurs sont envoyĂ©s au cachot, des dĂ©tenus de la 1Ăšre division du Quartier Bas, Raymond Peuvion, un homme de 38 ans, et Jules Aubertin. Un troisiĂšme, grand, vĂȘtu d’une capote de soldat », n’a pas Ă©tĂ© identifiĂ©. Ils avaient tous les trois non point un projet de rĂ©volte, dans ce contexte de prison surpeuplĂ©e et de libĂ©ration de la France annoncĂ©e, mais moins romantiquement celui d’une Ă©vasion collective, comptant s’emparer des clefs des cellules occupĂ©es par les condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s », ceux donc de la haute surveillance ». Devant l’insignifiance des deux supposĂ©s meneurs, le directeur de la SantĂ©, poussĂ© par l’administration centrale, mĂšne une contre-enquĂȘte, dont il ressort que les deux meneurs supposĂ©s, Aubertin et Peuvion, ne sont pas les bons, ils s’étaient mĂȘme refusĂ©s Ă  toute participation au projet d’évasion collective. Les trois vrais » meneurs semblent avoir Ă©tĂ© Louis Abo, prĂ©venu d’abus de confiance, Jean Rigou, prĂ©venu de vol par faux policier » et AndrĂ© Aymard, le grand, vĂȘtu d’une capote de soldat » d’abord non identifiĂ©, prĂ©venu de vol qualifiĂ©. Trois membres Ă©minents de la pĂšgre, et accessoirement informateurs de Couget. Une affaire pĂ©nitentiaire banale, qui se solde par une sanction de 15 jours de cellule, portĂ©e successivement Ă  30 jours par le prĂ©fet de police et Ă  90 jours par le secrĂ©taire d’État Ă  l’IntĂ©rieur en application de l’article 69 du dĂ©cret du 19 janvier 1923 sur le rĂ©gime intĂ©rieur des prisons cellulaires, qui critiquent au passage la trop grande clĂ©mence du directeur. Pour le commis Guy Duclercq, la tentative aurait Ă©chouĂ© en raison de l’imprĂ©paration, et du refus de suivre les meneurs ». 49Le 13 juillet, Farge fait venir dans son bureau le capitaine Gaston Pol Alif ex capitaine de la guerre de 14-18, capitaine des FFI, incarcĂ©rĂ© pour la troisiĂšme fois Ă  la SantĂ© depuis le 28 mai 1944 Ă  la 14e division 57e cellule, numĂ©ro 1457 ter, avec qui il Ă©tait en relation d’amitiĂ© avant 1941. Il lui spĂ©cifie, devait tĂ©moigner Alif 1° Qu’il Ă©tait au courant de la manifestation politique que nous voulions tous opĂ©rer le 14 juillet. 2° II me mit en garde et me demanda d’avertir mes camarades qu’un complot Ă©tait en cours et qu’une insurrection devait Ă©clater aprĂšs la manifestation patriotique Ă  laquelle il ne s’opposa pas. » 50Le directeur Jean Farge reçoit le mĂȘme jour l’ancien dĂ©putĂ© communiste Dutilleul, avec qui il a des relations presque quotidiennes depuis que Couget est grillĂ© » aux yeux de celui-ci. Il lui demande de faire passer le message aux politiques du Quartier Haut En cas de mutinerie, vous avez tout Ă  perdre, les Allemands et leurs suppĂŽts pourraient en profiter pour faire un massacre. » Une dĂ©lĂ©gation de politiques, Ă  majoritĂ© communiste, revient voir Farge peu aprĂšs pour l’avertir qu’ils ne sont Ă©videmment pas partants pour une telle aventure, vouĂ©e de toutes les façons selon eux Ă  l’échec faute d’armement. Aux yeux du directeur, un pacte vient d’ĂȘtre scellĂ© avec les rĂ©sistants cĂ©lĂ©bration du 14 juillet il y aura, mais dans le calme, la dignitĂ© mĂȘme, cĂ©lĂ©bration qui pourrait, s’imagine-t-il, constituer une sorte de contre-feu Ă  la mutinerie annoncĂ©e. Roger Payen rĂ©fute pour sa part l’idĂ©e mĂȘme de pacte », inimaginable Ă  ses yeux les rebelles », Ă  l’écart de toute compromission, qu’étaient les rĂ©sistants reprĂ©sentĂ©s par Payen et Maucherat, se sont bornĂ©s Ă  alerter clairement la direction sur les immenses risques pour eux-mĂȘmes que prĂ©sentaient la mutinerie. Ils se sont surtout inquiĂ©tĂ©s, on les comprend, des mesures prĂ©ventives que la direction comptait prendre. Une requĂȘte comme on va voir quasiment vaine. 51Le 13 juillet toujours, Bonneu, l’autre sous-directeur, apprend vers 17 heures, au cours d’une ronde qu’il effectuait dans la dĂ©tention, par un comptable de division, dont j’ignore le nom », qu’une manifestation se bornant Ă  quelques chants patriotiques pourrait se produire Ă  l’intĂ©rieur de l’établissement le 14 juillet Il ne semblait s’agir alors que d’une simple manifestation ne prĂ©sentant nullement le caractĂšre d’une rĂ©volte, aucune rumeur n’avait d’ailleurs Ă©veillĂ© mes soupçons Ă  ce sujet jusqu’à prĂ©sent. » La version de l’autre sous-directeur, Couget, est un peu diffĂ©rente Ce n’est donc que le 13 juillet, vers 18 h 30, que j’appris, de la bouche du comptable gĂ©nĂ©ral, en prĂ©sence de mon collĂšgue M. Bonneu, qu’une action avait Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e pour le lendemain soir. » Rotonde de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 33 Ibid. 52Couget ment, il procĂšde Ă  un double amalgame, entre la manifestation de l’aprĂšs-midi, connue de tous, et celle de la nuit ; et entre un comptable dĂ©tenu de division et celui qui allait bientĂŽt ĂȘtre promu, Ă  la demande des miliciens, comptable gĂ©nĂ©ral en rĂ©compense de ses bons et loyaux services quand, lors de la rĂ©pression de la mutinerie, il accompagna et renseigna les miliciens dans leur chasse aux meneurs » – ce Gabriel Jeannin, c’est son nom, passait aux yeux des communistes pour un jeune franquiste [sic, pour franciste, appartenant au mouvement de Bucard] qui faisait partie de la milice ». À la LibĂ©ration, c’est Farge qui faillit porter le chapeau. Mon opinion est que le directeur de la SantĂ© a eu connaissance de la provocation et que, par faiblesse ou par opinion, il l’a laissĂ© s’accomplir et y a apportĂ© une certaine complaisance », devait dĂ©clarer Dutilleul, les communistes soutenant pour cette fois de concert la thĂšse d’une provocation orchestrĂ©e par Bucard. Avec le relais de Jeannin ce que Roger Payen pour sa part ignore. Et sans que la direction rĂ©agisse Notre jugement [sur la direction] ne peut aller au-delĂ  de ça », dit Roger Payen33. 53Au moment donc de la signature du courrier vers 18 heures, 18 h 30, le directeur Farge est informĂ©, de la bouche d’un de ses sous-directeurs et en prĂ©sence du surveillant chef Delpont, des propos tenus par le comptable Jeannin. Le directeur feint d’ĂȘtre surpris. Il est surtout inquiet que l’information se soit si vite rĂ©pandue dans toute la prison. Il se reprend, dĂ©clare que, par mesure de sĂ©curitĂ©, il va demander aux autoritĂ©s compĂ©tentes, pour la journĂ©e du 14 juillet, des renforts de police pour assurer la garde de l’établissement. C’est du moins la version de Bonneu, qui cherche Ă  couvrir son patron » et Ă  se mettre en valeur. Version contredite par Couget et par le surveillant chef Delpont. À 18 h 30, Farge avait selon eux dĂ©jĂ  rejoint son domicile de la Petite Roquette. C’est Couget qui lui tĂ©lĂ©phona, en prĂ©sence du surveillant chef, pour le mettre au courant de cette information dont il fit part Ă©galement Ă  Poirier, le directeur rĂ©gional, prĂ©sent dans l’établissement. Qu’on retienne une version ou l’autre, le directeur Farge est en faute soit il Ă©tait reparti chez lui de trĂšs bonne heure, malgrĂ© la gravitĂ© de la situation ; soit il Ă©tait prĂ©sent et a attendu le lendemain pour rĂ©agir. La premiĂšre hypothĂšse a notre faveur. 54Le sous-directeur Bonneu a beaucoup variĂ© dans ses dĂ©clarations, qui visaient toutes rĂ©pĂ©tons-le Ă  couvrir » son supĂ©rieur hiĂ©rarchique immĂ©diat. Sauf sur un point ce n’est que le 14 juillet vers 9 heures, alors qu’il effectuait une visite dans les chemins de ronde, qu’il intercepta, venant de je ne sais oĂč », la voix d’un dĂ©tenu s’adressant Ă  un de ses camarades et prononçant les paroles suivantes À ce soir 10 heures. » Comme la veille, il avertit immĂ©diatement le directeur qui se dĂ©cida enfin Ă  entreprendre les dĂ©marches nĂ©cessaires pour obtenir des renforts de police. 34 RĂ©unis dans une mĂȘme personne dans le cas de Maret ou de huit des directeurs rĂ©gionaux, tous milic ... 55Mais revenons au 14 juillet des rĂ©sistants. Il va ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ© avec la bĂ©nĂ©diction de la direction, mais bĂ©nĂ©diction on l’aura compris dĂ©livrĂ©e en catimini, presque Ă  mots couverts. Roger Payen rĂ©fute notre terme de bĂ©nĂ©diction » selon lui, la cĂ©lĂ©bration du 14 juillet n’a Ă©tĂ© possible qu’en raison de l’évolution du rapport de forces, tant Ă  l’extĂ©rieur depuis le dĂ©barquement qu’à l’intĂ©rieur de la prison compte tenu de la rĂ©sistance sans compromission menĂ©e par la plupart des politiques, principalement les communistes, aux manƓuvres et aux perfidies des autoritĂ©s pĂ©nitentiaires. Il n’empĂȘche que les responsables miliciens et ceux de l’administration pĂ©nitentiaire centrale rĂ©unis parfois dans une mĂȘme personne34 ont Ă©tĂ© avisĂ©s et ont laissĂ© faire. En outre, une partie de cette Ă©lite pĂ©nitentiaire-lĂ  Ă©tait partagĂ©e, vraisemblablement, entre le souci de l’ordre et celui de lendemains qui, pour quelques-uns d’entre eux, risquaient de ne pas chanter. Une autre partie infime ne pouvait que vibrer Ă  l’unisson, mais secrĂštement, Ă  la cĂ©lĂ©bration du 14 juillet des politiques. 35 Debu-Bridel Jacques, De Gaulle et le Conseil national de la RĂ©sistance, Paris, Éditions France-E ... 36 CitĂ© par Henri Amouroux, La grande histoire des Français sous l’Occupation. Un printemps de mort e ... 37 Rajsfus Maurice, La libĂ©ration inconnue, Paris, le Cherche Midi, 2004, p. 199. 38 Debu-Bridel Jacques, op. cit., p. 143. 56Jean Farge a des prĂ©occupations plus immĂ©diates. Il continue de nĂ©gocier, directement avec certains chefs de la rĂ©sistance, ou par l’intermĂ©diaire de surveillants acquis Ă  leur cause, dont certains avaient d’ailleurs Ă©tĂ© recrutĂ©s sans trop de prĂ©caution en particulier par les soins de Poirier comme auxiliaires dans le principal but de servir de gardes du corps Ă  des responsables importants de la RĂ©sistance. Peu de temps avant 16 heures, Farge convoque une fois encore Dutilleul pour lui demander s’il pouvait obtenir de ses camarades qu’ils renoncent Ă  la manifestation patriotique par eux envisagĂ©e ou sinon qu’ils la fassent le plus vite possible pour que la proximitĂ© de cette manifestation avec le mouvement des dĂ©tenus de droit commun ne puisse ĂȘtre donnĂ©e comme preuve d’entente entre tous les dĂ©tenus et ainsi servir de prĂ©texte Ă  des reprĂ©sailles Ă  l’égard des politiques ». Dutilleul n’acquiesce qu’à la seconde partie de la proposition du directeur. Le 20 juin 1944, le Conseil national de la RĂ©sistance CNR avait appelĂ© Ă  une manifestation patriotique Portez les trois couleurs nationales ! Hissez les drapeaux tricolores sur les bĂątiments publics, les clochers et les cheminĂ©es d’usines ! Manifestez votre haine de l’ennemi35. » Le ComitĂ© parisien de libĂ©ration CPL appelle la population Ă  se rĂ©unir autour des mairies d’arrondissement. Les communistes ont, de leur cĂŽtĂ©, appelĂ© Ă  faire du 14 juillet, dont la cĂ©lĂ©bration est interdite par Vichy depuis 1940, un 14 juillet de combat36 ». À l’exception des beaux quartiers, tout Paris est en Ă©bullition. Il y aurait eu, dans Paris intra muros, pas moins de 45 000 manifestants37. Ce furent, remarque Debu-Bridel, de vraisrassemblements de masse38 ». 57À la SantĂ©, c’est Ă  16 heures que commencent les manifestations dans les trois divisions politiques du Quartier Haut. Des guirlandes de fleurs tricolores, des croix de Lorraine, des bonnets phrygiens, des drapeaux bleu blanc rouge, confectionnĂ©s avec les moyens du bord, vĂȘtements et vieux papiers, ainsi qu’avec des matĂ©riaux introduits clandestinement par des surveillants acquis Ă  la cause, sont agitĂ©s aux fenĂȘtres, mĂȘlĂ©s Ă  des slogans 1789-1944 », Vive la France ». Et puis la Marseillaise, qui sourd comme une plainte des bĂątiments qui forment le carrĂ© du Quartier Haut. Une heure plus tard, la messe rĂ©publicaine a Ă©tĂ© dite. 58C’est le 7 juillet 1944, alors qu’il supervisait la fabrication du n° 34 de Franc-Tireur, que Georges Altman avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. La plume Ă  la main. Le n° 34 du journal portait en gros titre La DĂ©livrance est proche ». Le 10 juillet, Georges Altman est incarcĂ©rĂ© Ă  la SantĂ©, il partage sa cellule, quartier des politiques, avec quatre codĂ©tenus, parmi lesquels un hĂŽtelier de Guise et notre J3 un petit gars de 18 ans, fin, racĂ©, cheminot, fils de cheminot, qui a maniĂ© la mitraillette pour dĂ©livrer les copains en prison », Ă©crit le grand rĂ©sistant. Incroyable coĂŻncidence Altman se retrouve en cellule en compagnie de Pierre Fauquet, l’un des jeunes attaquants de la prison de Laon. Georges Altman, journaliste au ProgrĂšs de Lyon, rĂ©dacteur en chef du journal Le Franc-Tireur 59Georges Altman a laissĂ© un tableau saisissant de cette cĂ©lĂ©bration L’aprĂšs-midi a Ă©tĂ© splendide. Ils prĂ©paraient ça depuis des jours et des nuits. Chaque cellule du quartier politique avait sa tĂąche. Imaginez de grands murs gris avec d’étroits rectangles scellĂ©s de barreaux formant quadrilatĂšre sur une cour intĂ©rieure. Soudain, Ă  4 heures de l’aprĂšs-midi, de chaque cellule, Ă  travers les barreaux, sort un bras tenant, au bout d’une ficelle, une grande lettre dĂ©coupĂ©e dans le carton, une guirlande, un drapeau, un insigne, une Ă©toffe de couleur. De fenĂȘtre Ă  fenĂȘtre, toutes les mains, sans pouvoir se joindre, se font la chaĂźne, se lancent les Ă©lĂ©ments du dĂ©cor. En quelques minutes, les trois Ă©tages de prisonniers arrivent Ă  composer le pavoisement le plus inouĂŻ, le plus Ă©clatant, le plus imprĂ©vu. La cellule voisine de la nĂŽtre a sorti la majuscule “V” ; nous Ă©tions chargĂ©s de la lettre “I” ; les copains d’à cĂŽtĂ©, c’est l’autre “V” ; Ă  la suite, la lettre “E”, et Ă  plusieurs cellules, nous affichons, Ă  l’extĂ©rieur, un “VIVE LA FRANCE” quasi monumental. De mĂȘme en face et Ă  gauche. Trois façades sont Ă  nous. La quatriĂšme reste nue ; elle est aux “droit commun”. Et des guirlandes, et des devises, et des appels, et les chiffres 1789-1944, et des croix de Lorraine, et des bonnets phrygiens, et des flammes tricolores faites avec des chiffons bleus, des chandails blancs, des chemises rouges, et jusqu’à des lampions, des vrais lampions de 14 juillet, sortis de je ne sais oĂč, et qui se balancent jovialement au bout de manches Ă  balai ! Et soudain, de toutes nos bouches collĂ©es aux barreaux des cellules, lentement, sourdement, comme couvĂ©e depuis des mois, la “Marseillaise”, une “Marseillaise” aussi sĂ»re, aussi calme, aussi pure que le ciel d’étĂ© vers lequel elle s’envole, que cette seule libertĂ© visible pour notre peuple prisonnier, la libertĂ© bleue du ciel oĂč crient des oiseaux Ă©tonnĂ©s. À 5 heures, hissĂ©, happĂ© par cinq cents bras, tout le dĂ©cor de fĂȘte remonte. On dirait que le rideau tombe. Les murs, qui avaient semblĂ© vivre, palpiter, s’ouvrir, se referment. Le dĂ©cor plonge, s’évanouit, glisse comme dans les cintres. » 60Superbe Ă©vocation, superbe fĂȘte. Les rĂ©sistants ont tenu parole Ă  17 heures, tout est terminĂ©. Sauf que les droit commun » ont Ă©tĂ© exclus de la manifestation. Pas complĂštement, me souffle Roger Payen, quelques-uns d’entre eux avaient bricolĂ© quelques pauvres drapeaux. Mais ils Ă©taient peu nombreux et la grande majoritĂ© des droit commun s’est sentie exclue. Elle va bientĂŽt entrer en scĂšne, Ă  sa maniĂšre. Et elle va le payer trĂšs cher. Le 14 juillet des droits communs En attendant la mutinerie 61AussitĂŽt la manifestation patriotique » des politiques terminĂ©e, vers 17h15-17h30, les dĂ©lĂ©guĂ©s du quartier politique descendent au bureau de Farge, sur la demande du directeur. Celui-ci les adjure de se tenir tranquilles dans le cas d’une rĂ©volte des dĂ©tenus de droit commun Ils comprirent que ces paroles Ă©taient dites dans leur intĂ©rĂȘt. » La visite passa inaperçue, Farge ayant l’habitude, on l’a dit, de faire descendre quotidiennement Dutilleul dans son bureau pour traiter avec lui de toutes les affaires du quartier politique. 62Quand le premier surveillant Lhermite quitte son service Ă  18 h 15, tout paraissait assez calme et rien ne laissait prĂ©voir une rĂ©volte quelques heures plus tard. Je ne me souviens pas avoir vu l’arrivĂ©e du renfort de police avant mon dĂ©part ». Effectivement, c’est Ă  18 h 30 que les 25 gardes de Paris rĂ©clamĂ©s par Farge, armĂ©s de deux mitraillettes et disposant chacun d’un pistolet individuel, sont dĂ©pĂȘchĂ©s dans le chemin de ronde et aux diffĂ©rentes portes sous le commandement d’un lieutenant. Leur effectif s’ajoute Ă  celui des 28 surveillants et des 18 gardes constituant le piquet de sĂ©curitĂ© de l’entrĂ©e, placĂ© sous la houlette d’un adjudant et d’un marĂ©chal des logis chef. 63Le sous-directeur Maurice Couget est prĂ©sent Ă  la relĂšve de 19 heures. Couget a fait renforcer les effectifs 22 surveillants au lieu des 16 habituels, sans compter 6 gradĂ©s. Il s’attend au pire. Il a surpris lors d’une ronde une conversation, un dĂ©tenu disant aux autres Alors les gars, c’est pour ce soir. » II a mĂȘme Ă©tĂ© averti que le mouvement devait se produire aux alentours de 23 heures. Mieux encore, un surveillant a saisi un billet contenant une trentaine de vers assez grossiers » sur la personne de Pierre Coat, ĂągĂ© de 22 ans, prĂ©venu de tentative de vol, billet qui constituait un appel lancĂ© Ă  tous les dĂ©tenus, tant de droit commun que politiques, prĂ©venus que condamnĂ©s, pour les inciter, Ă  l’occasion du 14 juillet, Ă  recouvrer leur libertĂ© en dĂ©fonçant les portes des cellules et en se ruant en masse sur toutes les issues ». Farge prĂ©cise de son cĂŽtĂ© que l’auteur du billet en question demandait Ă  tous ses camarades, prĂ©venus, condamnĂ©s et politiques de faire cause commune pour essayer de sortir en dĂ©fonçant les portes, j’ai immĂ©diatement alertĂ© le directeur rĂ©gional pour demander du renfort ». Le malheureux Pierre Coat fut l’un des 28 fusillĂ©s. 64Suivant le commis Duclercq, c’est Farge qui fit renforcer la police et installer un peloton de 25 gendarmes gardes armĂ©s Sans pouvoir affirmer une telle chose puisque je n’allais pas en dĂ©tention Ă  cette Ă©poque, je crois pouvoir dire qu’une partie de ces gendarmes Ă©tait cantonnĂ©e Ă  la 6e Division. » Le surveillant chef Delpont nuance ce propos Il fut question Ă  un moment de placer une partie de cet effectif Ă  l’intĂ©rieur de la prison, mais l’officier intervint disant qu’il avait l’ordre de l’état-major de disposer ses hommes Ă  l’extĂ©rieur et non Ă  l’intĂ©rieur. C’est ainsi que les forces de police furent placĂ©es aux issues, dans les chemins de ronde. » 65Farge s’était effectivement, dans la matinĂ©e du 14 juillet, mis en liaison avec l’état-major de la police. Dix gardes seulement lui furent offerts, effectif portĂ©, sur ses instances, Ă  15, puis Ă  25 ; il Ă©tait paraĂźt-il impossible d’en distraire davantage des services d’ordre dissĂ©minĂ©s dans Paris. L’inspecteur gĂ©nĂ©ral Capart devait admettre beaucoup plus tard, quand Farge fut amenĂ© Ă  comparaĂźtre devant la commission d’épuration Si l’on peut donc reprocher Ă  M. Farge d’avoir tardĂ© Ă  tĂ©lĂ©phoner Ă  la police depuis le 13 juillet, soit Ă  18 heures, soit un peu plus tard, jusqu’au lendemain dans la matinĂ©e, il faut reconnaĂźtre que cette intervention n’aurait pas Ă©tĂ© vraisemblablement plus efficace le 13 juillet. » 66À 19 h 30, le brigadier Dautriat, qui est responsable de l’équipe de nuit, est appelĂ© au bureau du directeur. Sont alors prĂ©sents Farge, Couget et Bonneu, ainsi que Delpont le surveillant-chef. Farge lui fait part de ses craintes tout semble indiquer qu’une Ă©meute va Ă©clater dans la nuit. 39 En rĂ©alitĂ© des gardes. La garde rĂ©publicaine avait Ă©tĂ© dĂ©tachĂ©e du secrĂ©tariat d’État Ă  la Guerr ... Mais, dit le directeur, il n’y aura peut-ĂȘtre rien. En tous les cas nous avons pris des prĂ©cautions. J’ai averti la prĂ©fecture de Police qui nous a envoyĂ© du renfort. Il y a 25 gardiens de la paix39plus le piquet habituel de 18 gardes, munis de pistolets automatiques et de 2 pistolets-mitrailleurs. » 67Comme Dautriat fait remarquer le petit nombre de gardes, Delpont intervient Vous avez aussi en plus 6 surveillants que vous disposerez dans les Ă©tages. » Le directeur Farge ne partage pas le mĂȘme optimisme En effet ce n’est pas beaucoup 18 gardes et 25 gardiens de la paix. Je pensais qu’on m’en aurait envoyĂ© davantage mais enfin, si toutefois il y a quelque chose, le renfort arrivera vite et si vraiment vous voyez que vous ne pouvez les arrĂȘter, vous devrez replier vos agents vers la grille des avocats, lĂ  vous ne risquerez rien, du reste, on va y mettre 2 gardes armĂ©s qui auront mission de tirer. » 68Dautriat fait alors cette objection Il vaudrait mieux mettre des gardes armĂ©s dans les divisions et au premier mouvement les coups de feu empĂȘcheraient peut-ĂȘtre l’émeute. » On lui fit remarquer que ces gardes pouvaient se trouver pris et qu’il Ă©tait prĂ©fĂ©rable de les laisser Ă  la grille. On laissa donc Ă  la grille des avocats deux gardes et le surveillant qui s’y trouvait de service. Une heure environ passa et Dautriat ne fut pas peu surpris quand il vit enlever les deux gardes pour les mettre Ă  la grille de la troisiĂšme porte au Quartier Bas. Ne restaient alors dans le Quartier Haut que 13 surveillants. 69À 21 heures, le sous-directeur Bonneu arrive en dĂ©tention. Il fait une ronde dans le Quartier Haut et le Quartier Bas en compagnie de Dautriat. Celui-ci lui fait remarquer Tout est calme, trop calme mĂȘme pour un 14 juillet. » Le gradĂ© s’inquiĂšte auprĂšs de Bonneu au sujet des deux gardes que l’on a enlevĂ©s Ă  la grille des avocats ». Bonneu lui rĂ©pond que l’officier n’a pas voulu les laisser parce qu’ils risquaient de se trouver coincĂ©s » entre le Quartier Haut et le Quartier Bas. Bonneu quitte Dautriat Ă  21 h 30. Celui-ci se trouve donc enfermĂ© dans la dĂ©tention avec 13 surveillants au Quartier Haut et 7 au Quartier Bas. Les gardes sont tous placĂ©s Ă  l’extĂ©rieur de la grille du Quartier Bas et cette grille est fermĂ©e Ă  clef. Un surveillant veille et doit ouvrir Ă  ses collĂšgues s’ils sont obligĂ©s d’évacuer la dĂ©tention. La mutinerie 70Vers 22 heures, le brigadier Dautriat termine le livre de fermeture gĂ©nĂ©rale qui accuse un effectif de 4 634 dĂ©tenus prĂ©sents. C’est alors 22 h 10 que la sonnerie d’alarme retentit. Couget ne s’était trompĂ© que d’une heure 23 heures au lieu de 22. Le gradĂ© appelle le poste des gardes et se rend au Quartier Haut. Les surveillants de service dans les Ă©tages des divisions ont constatĂ© que l’émeute a commencĂ© aprĂšs deux coups de sifflets et qu’aussitĂŽt les jeunes dĂ©tenus de la 9e division ont fait sauter les portes de leurs cellules. Les premiĂšres portes fracturĂ©es furent celles des 1er et 2e Ă©tages. Dautriat essayait en vain de calmer les dĂ©tenus du rez-de-chaussĂ©e de la 9e division quand survint le surveillant Roure qui, venant de la 10e division, le prĂ©vint que les portes de cette division volaient aussi en Ă©clats. MĂȘme chose Ă  la 12e division. Sur chaque Ă©tage, non seulement les portes sautent mais les dĂ©tenus sortent de leurs cellules. La cohue grandissante devient dangereuse pour les agents qui se trouvent dans les Ă©tages de la 12e division. DĂ©cision est prise par Dautriat d’un repli gĂ©nĂ©ral vers le Rond-Point Haut. Mais lĂ  aussi les dĂ©tenus envahissent les galeries. Le mouvement est donc dĂšs le dĂ©but quasiment gĂ©nĂ©ral. Les dĂ©tenus enfoncent les portes avec leurs chĂąlits transformĂ©s pour la circonstance en bĂ©liers, avant de se rĂ©pandre dans tout le Quartier Haut, projetant les objets les plus divers sur le personnel. Les surveillants descendent alors vers la grille des avocats derriĂšre laquelle se trouvent Poirier et les deux gardes. Le directeur rĂ©gional insiste pour qu’ils retournent sur leurs pas et tentent d’arrĂȘter cette rĂ©volte. Impossible ! Ils Ă©chappent de justesse aux prisonniers qui essaient de les apprĂ©hender. Poirier donne alors aux gardes l’ordre de tirer. Au mĂȘme moment, le Quartier Bas fait sauter les portes Ă  son tour. Le surveillant Leguen avertit Dautriat que les dĂ©tenus sont dĂ©jĂ  dans les galeries. Les dĂ©tenus du Quartier Haut commencent de leur cĂŽtĂ© d’envahir les sous-sols et cherchent Ă  descendre l’escalier de la 6e division. Les surveillants se replient sur la troisiĂšme porte du Quartier Bas. Ils apprĂ©hendent au passage plusieurs casseurs », transportĂ©s illico au mitard. Puis Dautriat et Bonneu tentent une derniĂšre tentative d’apaisement. Ils arrivent au premier Ă©tage de la 3e division, essaient de faire comprendre aux dĂ©tenus qui cognent dans les portes que leur projet ne peut rĂ©ussir. Ouvrez-nous si vous ne voulez pas qu’on les enfonce. Nous voulons sortir. On nous attend dehors » est leur seule rĂ©ponse. Un surveillant appelle le gradĂ© et le sous-directeur et les presse de descendre, car les dĂ©tenus des 1Ăšre et 2e divisions sont sortis et se dirigent vers le Rond-Point Bas. Les deux hommes franchissent Ă  toute vitesse la troisiĂšme porte du Quartier Bas, Ă©chappant eux aussi de justesse aux dĂ©tenus. TravĂ©e de cellule Ă  la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 71Georges Altman va vivre la mutinerie quasiment en direct, du fond de sa cellule mais Ă  quelques portĂ©es de fusils ou de voix de la grand messe, noire cette fois, qu’ont commencĂ© de dire les prisonniers en colĂšre. De cet Ă©tonnant cauchemar », il va se faire le reporter », sans lyrisme pour cette fois Je voudrais qu’aucune note de littĂ©rature bonne ou mauvaise ne vienne dĂ©former, exagĂ©rer l’image de cette nuit qui va suivre. » Le rĂ©sistant Georges Altman, qui a pris ses risques » dans la guerre, qui s’attendait Ă  tout », a peur, continue d’avoir peur, une fois l’ouragan passĂ© depuis longtemps J’ai encore peur de cette nuit. » 72Georges Altman fait commencer son rĂ©cit Ă  22 heures Ça vient de sonner. Je suis lĂ  depuis deux jours seulement, mais je connais tous les bruits de la prison qui s’éveille ou s’endort. Nos paroles, nos chansons, nos appels Ă  nous les 550 politiques, rassemblĂ©s les uns prĂšs des autres. Et tout autour de nous, cette sorte de vagissement, confus, mystĂ©rieux d’une immense cage de pierre et de fer oĂč il y a 3 800 dĂ©tenus de droit commun, les “casseurs”, comme ils se disent et comme on les nomme. Sous Hitler et Vichy, il y a de tout dans une prison ceux de toujours, les vrais bandits qui n’ont plus rien Ă  perdre, les assassins, et puis la race des souteneurs, les voleurs, mais aussi, pĂȘle-mĂȘle avec eux, de pauvres bougres, de petits dĂ©linquants et des traquĂ©s Ă  faux papiers, et des “suspects”, et des innocents. Quelques centaines de “durs”, de vrais “casseurs” au milieu d’un peuple d’épaves. Les bruits de tout ce peuple reviennent chaque soir la toux qui s’éraille Ă  n’en plus finir, le chahut de nos J3 au rez-de-chaussĂ©e, le son d’une gamelle, les bonsoir bonsoir d’une cellule Ă  l’autre. Et le silence qui s’établit, chaque bruit Ă©teint aprĂšs chaque bruit, comme des chandelles qu’on souffle l’une aprĂšs l’autre. Le silence de la nuit souffle sur les voix. En prison, il n’y a pas d’images. Il n’y a que des sons. Donc, avant de se coucher, on cause. On est content, on parle du 14 juillet, comme d’une bataille gagnĂ©e. Soudain, Pierrot [Pierre Fauquet] me prend le bras - Tais-toi, Ă©coute
 - Eh bien ! quoi ? Un grondement rĂ©gulier, qui a la rĂ©sonance haletante et prolongĂ©e du tam-tam nĂšgre. Un tam-tam qui va crescendo et qui, bientĂŽt, – mais que se passe-t-il ? – se dĂ©chire en un craquement Ă©norme de bois broyĂ©, d’arbres sous la tempĂȘte. Sous la faible lueur de l’ampoule Ă©lectrique, le visage rond et rosĂ© de Pierrot est devenu un peu pĂąle. Et, basse, sa voix murmure - Les casseurs brisent leur porte. Nous nous taisons, saisis, et puis, tout de suite, nous voulons parler, discuter, supposer. - Taisez-vous, bon Dieu ! Sur la monture du chĂąlit de bois dressĂ© verticalement, Pierrot s’est hissĂ© Ă  la fenĂȘtre, et regarde, Ă©coute. De la cour, dĂ©jĂ , monte une clameur. - Ça y est. Ils sont sortis ! Il n’y a d’abord que ce bruit de bois qu’on brise. Et, soudain, un hurlement monstrueux emplit les galeries, la cour, fait vibrer l’immense cage sonore de la prison ; une foule furieuse galope autour de nous, un fracas de vitres brisĂ©es coupe parfois le hurlement sauvage. Eh bien ! nous avons bonne mine. 3 800 dĂ©tenus, en raz-de-marĂ©e, dĂ©ferlent sur la prison et sur nous. Car, bon grĂ©, mal grĂ©, nous sommes dans le bain. C’est l’émeute, l’émeute folle qui nous jette en droite ligne Ă  la rĂ©pression. En une seconde, on rĂ©alise. Et tout de suite, par tout le quartier politique, on s’appelle aux fenĂȘtres, on frappe les murs Ă  coups de poing, on se passe la consigne
 - Que personne ne bouge ! Que personne ne sorte ! Que personne ne crie ! attention, camarades, provocation, attention, attention, ne bougez pas
 Question de vie. C’est tout Ă  coup la nuit dans la cellule. LumiĂšre coupĂ©e. Stridente, la sonnerie de grande alarme rĂ©sonne Ă©perdument. Les gardiens, oĂč sont-ils ? DĂšs le premier grondement, ils ont compris. Impossible de rĂ©sister Ă  cet ouragan qui, tout de suite, l’emporte. Ils se sont repliĂ©s Ă  fond de train au rez-de-chaussĂ©e, derriĂšre la grille qui les sĂ©pare de l’émeute, qui fait digue contre le raz-de-marĂ©e. La prison est tout entiĂšre aux casseurs. Et nous avec. En attendant mieux. La prison hurle. » 73DĂšs 22 h 30, les forces de police affluent. 30 gardes armĂ©s sont accourus. Ils bloquent toutes les issues de la prison. Le bloc » que constitue la SantĂ© est ceinturĂ© par dix cars de Police Secours » contenant chacun 30 gardiens de la paix armĂ©s de leur pistolet individuel, sans compter quatre mitraillettes par car. À 23 h 45, arrivent 40 gardiens de la paix supplĂ©mentaires et 110 gardes de Paris, ainsi que la voiture Z Ă  grenades lacrymogĂšnes, 10 cars de Police Secours » de plus, des Ă©lĂ©ments des sapeurs-pompiers, du personnel des Ă©gouts et de la compagnie du gaz. 40 Il a succĂ©dĂ© Ă  l’amiral Bard le 21 mai 1942. Ancien directeur de cabinet de PoincarĂ©, il avait eff ... 41 NĂ© en 1887, Émile Hennequin Ă©tait entrĂ© dans la police en 1912 comme inspecteur stagiaire. C’est l ... 74Les autoritĂ©s pĂ©nitentiaires et de police sont arrivĂ©es Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps il y a lĂ  le directeur de l’administration pĂ©nitentiaire Baillet, le prĂ©fet de police AmĂ©dĂ©e BussiĂšre40, assistĂ© du directeur de la police municipale Hennequin41. Baillet prend la direction des opĂ©rations. TĂŽt dans la soirĂ©e, les mitraillettes avaient commencĂ© de crĂ©piter, interdisant toute approche de la part des dĂ©tenus tant de la grille principale de dĂ©tention que de la porte de la 13e division donnant sur la rue Messier. Les gardes n’avaient pas hĂ©sitĂ©, sur ordre de Poirier, Ă  tirer sur les mutins, une fois les pĂ©nitentiaires repliĂ©s du Quartier Haut au Quartier Bas, puis Ă  la grille du Quartier Bas proche des murs de ronde. Les gardes ne disposaient que de trois cartouches, mais ils eurent raison des mutins, qui se retirĂšrent vers la dĂ©tention oĂč ils se rĂ©pandirent dans toutes les divisions et dans les sous-sols, brisant les installations tĂ©lĂ©phoniques, les sonneries d’alarme, se livrant Ă  des dĂ©prĂ©dations considĂ©rables dans les cellules, bris de portes, de serrures, de cloisons, de matĂ©riel fixe ou mobile, s’emparant d’outils pour en faire des instruments d’effraction ». 75Le rĂ©sistant Georges Altman se croit en enfer L’enfer ? Si l’on y croit, ce doit ĂȘtre ça. Un pandĂ©monium, comme disent les savants. De ma vie, je n’ai entendu pareil vacarme fait par des hommes. Mais qu’est-ce qu’ils font donc ? Dans le noir, nous sommes tous tendus pour Ă©couter, pour comprendre par le son. Ah ! oui, voilà
 Ils ont pris les lourds chariots de fer qui servent Ă  transporter les marmites de soupe, des chariots lourds comme les “diables” des cheminots dans les gares. Et, par-dessus les rampes des galeries, ils les balancent dans la cage de l’escalier dans un fracas Ă©pouvantable. Ce n’est plus une Ă©meute. C’est une sorte de lave volcanique longtemps comprimĂ©e qui jaillit et saccage tout. La chaudiĂšre qui saute. Rien Ă  faire. Ils sont lĂ  prĂšs de 4 000, Ă  8 ou 10 par cellule ; il n’y a pas de portes de chĂȘne elles sont lourdes, solides, ferrĂ©es, qui puissent rĂ©sister Ă  la poussĂ©e frĂ©nĂ©tique de gaillards frappant, frappant, frappant Ă  coups de pieds chaussĂ©s de godillot, Ă  coups de poings qui veulent bien saigner, Ă  coups d’épaules qui ne sentent pas la douleur. Ce sont les jeunes “droit commun” du quartier bas qui ont commencĂ©. Ils n’ont pas brisĂ© toutes les portes, ils ont trouvĂ© aussi des clĂ©s
 Et tous sont sortis
 Et nous, que faisons-nous ? Rien. Il faudrait tout de mĂȘme
 L’enfer hurlant augmente de fureur. Un cri d’en haut, des copains de l’autre Ă©tage politique. - Ils brisent les portes. Attention les gars. Ça y est. Tant pis. On bagarrera. On ne va pas se laisser conduire Ă  l’abattoir. Tout de mĂȘme, quelle dĂ©rision ! Quel crĂšve-cƓur ! Être lĂ  500 braves types qui avons risquĂ© notre peau pour la patrie et la libertĂ©. Qui Ă©tions tous prĂȘts Ă  donner notre peau dans un combat contre l’ennemi et les traĂźtres. Ça, d’accord. Mais ĂȘtre pris dans cette Ă©norme bagarre crapuleuse, dans ce piĂšge inouĂŻ oĂč rien n’est nĂŽtre. OĂč nous allions pĂ©rir peut-ĂȘtre, coincĂ©s entre Ă©meute et police, non point POUR NOS RAISONS, MAIS POUR L’ABSURDE. Par de rares trous de silence, nous avons entendu des vrombissements de moteur, dehors, par delĂ  les murs. Tous les cars de toute la police de Paris sont en vingt minutes autour de la prison. Et la milice suit. Et la Werhmarcht arrive. » Murs de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 42 Le dossier Marionnet se trouve aux archives dĂ©partementales des Yvelines, 1603 W 23. Il renferme u ... 43 AN, CJ 120 sĂ©rie n° 1734. 76Effectivement, Ă  23 h 30, devant l’ampleur et la tournure qu’a prises l’émeute, AndrĂ© Baillet dĂ©cide de faire appel au concours des autoritĂ©s allemandes en raison de l’insuffisance de l’armement dont disposent les forces de police ». Les Allemands, une centaine de Feldgendarmes emmenĂ©s par le commandant Niefeld qu’accompagnent Hagen, chef d’état-major d’Oberg et Knochen, pĂ©nĂštrent Ă  la SantĂ© vingt-cinq minutes plus tard. Ils sont suivis, Baillet ayant rendu compte au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral au Maintien de l’Ordre, par les chefs miliciens Max Knipping, le responsable de la Milice pour la zone Nord, Jean Bassompierre, Pierre Gallet, Georges Radici et Georges-Louis Marionnet42, que n’accompagnent pas moins de 200 miliciens de la Franc-Garde, venus du lycĂ©e Saint-Louis et placĂ©s sous les ordres du chef Domeange, tous armĂ©s de fusils, de grenades et d’armes automatiques. Niefeld aurait dĂ©clarĂ© Ă  Gallet Je veux entrer dans des cellules rouges de sang43 ». À noter que Jocelyn Maret est absent. Il est Ă  Vichy. À son retour en apprenant l’émeute, il se laissa aller Ă  dire Cette Ă©meute n’aurait pas dĂ» avoir lieu, j’en avais prĂ©venu la direction. » 77Les dĂ©tenus galopent dans les sous-sols, Dautriat en aperçoit derriĂšre la porte de la chaufferie donnant sur l’escalier qui monte Ă  la deuxiĂšme porte. Il y a lĂ  de nombreux gardes, des gardiens de la paix, les pompiers qui viennent d’arriver. Dautriat est tout surpris de dĂ©couvrir aussi des Allemands et des miliciens, armĂ©s de grenades et de mitraillettes. Dautriat a honte, il le dit Ă  ses camarades surveillants, il a honte de voir un aussi grand nombre de gardes, il a honte que ses supĂ©rieurs aient fait appel Ă  ces messieurs ». Il prend conscience de la gravitĂ© des Ă©vĂ©nements de la nuit quand les Allemands clament Ah ! ce sont les politiques. Politiques Pan Pan ! » Allemands et Miliciens l’interrogent plusieurs fois et chacun leur tour. Il se tue Ă  leur rĂ©pondre que les politiques n’ont pas bougĂ©. 78Pendant ce temps, il est bientĂŽt minuit, l’émeute continue de plus belle. Avec l’arrivĂ©e des Allemands et des miliciens, les dĂ©tenus politiques redoutent le pire. Selon le commis Duclercq, lorsque le dĂ©tachement des soldats allemands pĂ©nĂ©tra dans la prison et lorsque les miliciens entrĂšrent, Farge s’opposa Ă  plusieurs reprises Ă  leurs chefs qui voulaient exĂ©cuter sans jugement les dĂ©tenus politiques Il s’offrit aussi Ă  faire constater qu’ils n’avaient pas bougĂ© de leurs cellules, et avaient parfois mĂȘme dĂ» les dĂ©fendre. » 79Pour sa part, Georges Altman s’attend Ă  voir les mutins envahir sa cellule - On est foutu. Ah ! les salauds. Une rage nous prend Ă  notre tour. S’ils ouvrent la porte, on cogne. En attendant, ils courent, ils hurlent, ils cassent, ils pillent. En l’air, les bois brisĂ©s qui volent, en l’air, les paillasses, les gamelles, en l’air, les livres de la bibliothĂšque, en l’air, le fauteuil du dentiste. Comment savons-nous tout cela ? Ils se le crient, ils se le lancent d’étage Ă  Ă©tage, dans leur immense sabbat. - Oh ! DĂ©dĂ©. Viens voir si ça valse. - Y reste pas un carreau, c’est marrant, amenez-vous, les potes. - Tiens, v’lĂ  pour le dentiste. Et ces cris Ă©tranges du haut en bas de la prison en folie, ces cris de mĂ©nages qui s’appellent - Eh ! Freddy, y a un mois que je t’ai pas vue, ma gosse. Arrive, j’suis au troisiĂšme. - Milo, on s’retrouve. On l’a, la libertĂ©. Cette fois, ça y est. Milo, oĂč qu’t’es ? - Rendez-vous chez la mĂŽme, Ă  la sortie, sans faute, hein. - Oublie pas l’tabac. - Ah ! dis donc. C’qu’on rigole. Et cependant, au milieu de l’enfer, qui bout depuis dix heures, l’horloge de la cour installe calmement les douze coups de minuit. » 44 Le Bal des casseurs », rĂ©cit vĂ©cu par Georges Altman, citĂ© par Montagnon. Cette citation ne figu ... 80Entre deux actes de vandalisme, Ă  coups de slogans ou d’injures, les casseurs » tentent d’entraĂźner les politiques. Vainement. Les rĂ©sistants se terrent au fin fond des cellules, repoussant le petit monde des assassins, des maquereaux, des voleurs, des Ă©paves, des misĂ©rables et des malchanceux », tout un univers qui n’est pas celui des garçons qui ont choisi la France44 ». 81Georges Altman Ă©prouve des sentiments Ă©tranges, contradictoires en tout cas, un mĂ©lange de fascination et de rĂ©pulsion Ă  l’égard de ces petits voyous. HĂ©sitation encore, quand il s’agit de choisir entre rester tapi au fond de la cellule ou participer Ă  l’incroyable bacchanale. Le temps semble arrĂȘtĂ©, puis soudain
 Minuit seulement. Comme pour les mourants, ce sera peut-ĂȘtre Ă  l’aube. Qu’ils cassent les portes, qu’ils entrent, oui, on en a marre de cette attente. Violemment, la porte
 Ah ! la porte qui s’ouvre, la lumiĂšre est revenue. Pourquoi ? Et dans un cadre de clartĂ© crue apparaĂźt la plus Ă©cumante face qu’on puisse Ă©voquer en cauchemar. Biribi, Cayenne, le mĂ©lo, le boulevard du Crime, tout ce que vous voulez, tous les souvenirs de la pire littĂ©rature, c’est lui. - Alors, bande d’enc
 vous sortez, oui ? Vous l’avez assez gueulĂ©e la libertĂ©, eh bien ! on vous la donne ! Allez grouillez-vous. Avec nous les politiques ! S’agit pas de se dĂ©gonfler. Il est coincĂ© entre la rampe de la galerie et le battant de la porte. Il veut entrer, il brandit comme arme une canne avec au bout, ficelĂ©e, une lame de rasoir mĂ©canique. Leurs seules armes, avec des gourdins et des couteaux. - Allez, sortez ! Dans notre cellule toute noire, il ne nous voit pas, prĂȘts Ă  cogner. Une de nos voix, doucement, lui rĂ©pond - Ça va, mon pote. On se chausse, on descend. Il va insister, gueuler, se ruer... Mais un remous galopant de ses copains l’emporte vers plus loin. Si par hasard, ils rĂ©ussissaient, s’ils sortaient ? Une idĂ©e nous passe en tĂȘte. Tant pis, on suivrait, on tenterait sa chance derriĂšre eux, avec eux. Un espoir coule en moi, comme une boisson fraĂźche, l’image d’une rue noire avec une foule hurlante, qui sort, libre, et dont je suis et que je quitte vite pour rejoindre le monde des vivants. Non, c’est fou. Ils n’y parviendront pas, ils en sont toujours Ă  tenter de forcer la premiĂšre grille dite des “Avocats”, ils lancent les chariots de fer en catapulte sur la grille, vainement. Il vaut mieux rester dans la cellule. Attendre. Attendre l’aube, la milice, les Allemands, la mort sans doute
 » La porte de la prison de la SantĂ© durant la Seconde Guerre mondiale 45 Ce qui signifie que les cellules des responsables restaient ouvertes, grĂące Ă  la complicitĂ© de sur ... 46 JĂ©rĂŽme Jean, Les Clandestins. 1940-1944, Paris, Acropole, 1986, 290 p. Jean JĂ©rĂŽme, arrĂȘtĂ© le 14 ... 82Roger Payen fournit Ă  ce point du rĂ©cit d’importantes prĂ©cisions grĂące au surveillant Foulon, les responsables communistes possĂ©daient des clĂ©s qui leur permirent d’ouvrir les portes des cellules pour empĂȘcher qu’elles ne soient dĂ©foncĂ©es45 ; en outre, certains politiques s’interposĂšrent sur les passerelles pour interdire aux droit commun d’accĂ©der Ă  leurs cellules. C’est ainsi que Roger Payen, dont la cellule Ă©tait proche de la passerelle, eut l’occasion de rencontrer Jean JĂ©rĂŽme, un responsable communiste dĂ©tenu comme droit commun46. Le bal 83Georges Altman n’en revient pas. Gigantesque caisse de rĂ©sonance, la SantĂ© mutinĂ©e afflige, torture les oreilles des politiques terrĂ©s dans leurs cellules – protections dĂ©risoires – de tous les bruits, vacarmes, clameurs
 La fin de la rĂ©volte, avec le pire qui s’ensuivra, sera fatalement prĂ©cĂ©dĂ©e de l’absence de bruit. Mais auparavant survient un Ă©vĂ©nement extraordinaire, quasiment miraculeux. Qu’est-ce que c’est donc ? On dirait de la musique. Ah, ça !
 DĂ©cidĂ©ment, cette nuit n’est qu’un rĂȘve affreux et saugrenu comme tous les rĂȘves. De la musique dans l’enfer, il y a de la musique Ă  prĂ©sent ! Elle vient de la cour. Nous nous hissons Ă  nouveau aux fenĂȘtres. Quel spectacle ! Dans le cyclone de l’émeute, pillant, brisant, ravageant, ils ont trouvĂ©, dans les caves, tout un lot d’accessoires de cotillons et de fĂȘte casquettes de jockey tricolores, parements en papier, Ă©charpes bigarrĂ©es, oripeaux de vieille toile et de canon, similis tutus de danseuses, toute cette fabrication que les dĂ©tenus jadis, avant la guerre, prĂ©paraient pour des fournisseurs que la prison achalandait et qui sont restĂ©s lĂ , sans pouvoir s’écouler, parce qu’on ne danse plus depuis 40. Alors, comme ces primitifs qui s’arrĂȘtent Ă  tout ce qui amuse ou brille, comme des sauvages dĂ©tournĂ©s de leur fureur par une scintillante futilitĂ©, comme des brutes-enfants qu’ils sont aussi, les voilĂ  qui se ruent sur ce grotesque attirail et s’en affublent. Ils ont trouvĂ© aussi des mirlitons. Un millier d’entre eux descendent dans la cour ; cent mirlitons jouent avec force, et au son de l’orchestre, par grappe ou par couples, ils dansent, oui, ils dansent ! Les nuages ont libĂ©rĂ© la lune qui Ă©claire pour nous la grande Ă©meute qui donne son bal
 - Ils guinchent, me souffle Pierrot, pĂ©trifiĂ©, comme nous tous qui regardons Ă  travers les barreaux. Hier journaliste, aujourd’hui dĂ©tenu 11482, ai-je pu jamais rĂȘver un pareil reportage ? Je sais ce qu’il y a au bout, tout Ă  l’heure, Ă  l’aube. Mais la stupeur curieuse bloque quelques minutes en nous l’angoisse. Ils guinchent, ils font leur bal du 14 juillet. RenforcĂ©s par des harmonicas, les mirlitons bourdonnent, les sons s’emmĂȘlent, se chevauchent, mais cette musique de gorge et de bave donne, malgrĂ© tout, un rythme fou qui les emporte dans une sorte de formidable et crapuleuse nuit des Walpurgis. Ils guinchent, comme on guinchait aux faubourgs. Ils se sont pris deux par deux et se balancent exprĂšs lourdement, pour rire, pour faire drĂŽle, en leur dĂ©guisement sordide, au son des mirlitons et des harmonicas. Ils guinchent, les assassins, les maquereaux, les voleurs, les Ă©paves, les misĂ©rables et les malchanceux ; suspendu au plafond du ciel, le globe lunaire verse sur eux sa grande lueur cruelle qui les peint tous en Pierrot couleur lune et par les fenĂȘtres des cellules, des brasiers qu’ils ont allumĂ©s pour faire signal Ă  l’extĂ©rieur car ils croient, ils le crient, que Paris, pour eux, s’insurge, des flammes jaillissent, flambeaux qui font danser les ombres au rythme du grand bal fou. La lune, le feu, les ombres ; le bal au fond de cette fosse, le bal des ardents. Dieu ! oĂč sommes-nous donc ? Ah ! qu’ils cessent enfin. Que cesse cette atroce parodie des belles joies populaires aux carrefours de Paris quand le pavĂ© Ă©tait au peuple, quand tout s’arrĂȘtait dans la nuit pour laisser danser le peuple aux doux flonflons des orchestres sur l’estrade tricolore. Le chant du coq viendra-t-il jamais dissiper cette danse macabre, chasser ce 14 juillet qui semble impie devant les autres, devant le nĂŽtre, cette messe noire qui blasphĂšme les fĂȘtes de la libertĂ©. 47 À noter que dans les usines du Front Populaire de 1936, les ouvriers grĂ©vistes dansaient entre hom ... Les mirlitons, les mirlitons, ils ne cessent pas, les diables47
 » La fĂȘte est finie 84Une mutinerie se termine toujours dans l’incertitude. Non pas d’une fin ultime celle-ci ne peut ĂȘtre que tragique. Mais il y a une pĂ©riode de flottement, oĂč le bruit et le silence s’affrontent, alternent, s’enchevĂȘtrent. La mer en quelque sorte se retire. Georges Altman dĂ©crit remarquablement cette phase d’une transition complexe. Soudain, comme un Ă©norme couac, tout s’arrĂȘte. Ceux qui tentent de forcer les grilles, les durs, les combattants, font irruption parmi les danseurs. Rires et cris de fureur s’affrontent - Bande de c... Vous avez pas fini. Et le boulot, alors ? On s’crĂšve et y dansent. Allez, amenez-vous. Ils rient toujours, mais ils suivent. C’est vrai, aprĂšs tout, c’est l’émeute. Et on va sortir. À la grille ! À la grille ! Le bal est fini, la nuit continue. Plus personne dans la cour. Plus personne dans les galeries. ÉpuisĂ©s, nous nous laissons retomber dans la cellule. Les coups de bĂ©lier des chariots de fer reprennent, en bas, contre les grilles. Ils ne s’occupent plus de nous, mais que faire ? Respirer un peu. Le bruit s’éloigne. Fumer un peu. Retrouver les choses, dans cette nuit de la cellule ; se retrouver aussi, car on s’est perdu, on tĂątonne, on se cherche. - Pierrot ! - Kaout ! - Georges ! - Raymond ! OĂč est-il, celui-lĂ , il ne rĂ©pond plus. Pas un souffle, pas un mot. Sans blague, tout de mĂȘme, il n’a pas tournĂ© de l’Ɠil ? Bien sĂ»r, tout cela est dur pour les nerfs. Mais quoi, on n’est pas des femmes. Il y a un seul lit de fer dans la cellule, prĂšs du mur. Et c’est d’en dessous le lit que sort une voix. Une voix digne, grasseyante, de ch’timi qui marmonne - Dites donc, les copains, j’y suis pour personne. Un rire nous dĂ©tend; on retrouve le tabac. » La rĂ©pression PrĂ©paratifs 48 Amouroux Henri, op. cit., p. 1024. 49 AN, 3 W sĂ©rie n° 140. 85Dans le bureau du directeur de la SantĂ© se tient, aux alentours de minuit, une rĂ©union au sommet. Les Allemands veulent noyer l’émeute dans le sang. Le prĂ©fet de police BussiĂšre tergiverse, invoque l’obscuritĂ© des lieux toutes les lampes Ă©lectriques ont Ă©tĂ© brisĂ©es, la lassitude des Ă©meutiers, la mĂ©connaissance de la gĂ©ographie de l’endroit de la part des soldats allemands. Knipping le soutient Aucune Ă©vasion n’est possible. Si nous attendons le petit jour, les mutins vont se fatiguer et la reprise en main sera facile. La Milice en fait son affaire48. » Ils obtiennent gain de cause, aprĂšs que Français et Allemands eurent fait le tour du chemin de ronde l’intervention est retardĂ©e Ă  6 heures du matin et sera le fait des miliciens, de la garde de Paris et de gardiens de la paix armĂ©s de mitraillettes qui interviendront conjointement avec les Allemands. BussiĂšre devait dĂ©clarer le 3 septembre 1945 qu’il avait ainsi Ă©vitĂ© un vĂ©ritable massacre49 ». 86Les aiguilles du temps tournent difficilement et Dautriat n’en peut plus Deux heures enfin ! Comme mes camarades, je suis rompu de fatigue. Monsieur Farge me demande un rapport tout de suite pour qu’il puisse faire le sien car le directeur gĂ©nĂ©ral le veut maintenant. Un rapport tout de suite ! Je ne sais comment l’établir si vite mais je sais tout ce qu’il devrait contenir. Alors parant au plus pressĂ© je mentionne que les politiques n’ont pas bougĂ© afin de les mettre Ă  l’abri des reprĂ©sailles. Je prends ensuite connaissance du rapport de Monsieur Farge qui avant de le remettre au directeur gĂ©nĂ©ral, a bien voulu me le communiquer. J’y remarque l’absence de ce que j’avais Ă©crit au sujet des politiques et lui dis qu’il devrait lui aussi le mentionner sur son rapport. “Oui, vous avez raison, je vais le mettre. J’ajouterai Monsieur Dautriat m’a rendu compte que les dĂ©tenus politiques n’avaient pas bougĂ©â€. » 87Farge tint parole. 50 Amouroux Henri, op. cit., p. 1024-1028 88Henri Amoureux a rĂ©ussi Ă  obtenir, en 1998, le rĂ©cit par Pierre Gallet de la suite des Ă©vĂ©nements50. Dialogue entendu par Gallet vers les 3 heures du matin. Niefeld DĂšs que nous aurons rĂ©tabli l’ordre, M. Knipping, vous nous livrerez les 400 dĂ©tenus communistes. Nous les fusillerons ici. On doit dĂ©cimer les mutins. » Knipping Ce n’est pas possible. Rien ne prouve qu’ils aient pris part Ă  la mutinerie. Et mĂȘme s’ils l’avaient conduite, ce que je ne crois pas, fusiller 400 personnes serait hors de proportion avec la gravitĂ© des faits. Je ne vous livrerai pas un seul homme sans un ordre formel du gouvernement. » 89Niefeld Si vous ne les livrez pas, nous saurons les prendre. » Le SS accepte cependant de remettre sa dĂ©cision Ă  un peu plus tard dans la matinĂ©e. Max Knipping, responsable de la Milice pour la zone Nord 90Pendant ce temps, quelques dĂ©tonations se font entendre un milicien qui fait feu en direction d’un mutin qui s’est rapprochĂ© de la grille principale ou d’une autre sortie ; ou c’est le vacarme d’un chariot lancĂ© en catapulte contre les grilles. Celles-ci tiennent bon, et pour les protĂ©ger, des tireurs de la milice sont en embuscade, qui tirent sur tout ce qui bouge. Georges Altman, dans sa cellule, a retrouvĂ© les choses de la vie, s’est retrouvĂ©, a retrouvĂ© ses co-dĂ©tenus. Il est entre 3 et 4 heures du matin. Au loin, c’est une rumeur confuse, et puis il y a un Ă©trange, un solennel silence sur toute la prison. “La mer-au-loin-s’est-retirĂ©e...” La chanson que chantaient mes enfants quand j’étais libre. Bonheur de ce silence. Il y a une Ă©toile pĂąle dans le ciel. Quelques pas d’attardĂ©s dam la galerie, presque des pas de promeneurs. Ils ne se pressent pas. Les voici devant notre porte refermĂ©e. Une voix s’élĂšve alors, froide, mĂ©tallique, mais humaine ; que de quel ton Ă©tonnamment dĂ©tachĂ©, presque rĂȘveur, elle parle ! - Ce qu’il faudrait, vois-tu, c’est des armes
 C’est tout. L’autre ne rĂ©pond pas. La voix et les pas s’en vont, comme irrĂ©els, le long de la galerie, nonchalamment. » Avertissement 91Il y a beau temps que les imprĂ©cations lancĂ©es par les casseurs contre les politiques amorphes se sont tues, mais Georges Altman n’est pas pour autant rassurĂ©. Car claquent des coups de feu, qu’interrompt soudain, miraculeusement encore, une voix qui retentit. Elle entonne L’Internationale. Voix bientĂŽt reprise par d’autres voix qui, malheureusement, massacrent l’hymne rĂ©volutionnaire, en font une cacophonie, faute d’en bien connaĂźtre les paroles. Georges Altman ne le dit pas, il n’a qu’une crainte, que ce chant soit attribuĂ© aux politiques. 92Crainte partagĂ©e par Roger Payen, qui y voit une sorte de parachĂšvement de la provocation. Il pourrait s’agir de bien autre chose. De la part des droit commun, une derniĂšre rodomontade, mais avec quel panache, l’hallali avant la curĂ©e. HypothĂšse trop optimiste ? Ces pauvres gamins ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© entraĂźnĂ©s dans ce chant par quelques provocateurs, je me rapprocherais lĂ  de l’interprĂ©tation de Roger Payen. Redonnons la parole Ă  Georges Altman II y a eu ce grand silence. Et puis, seul, sonore, un coup de feu. Le premier. Et puis, un hurlement, mais de dĂ©tresse. La police est entrĂ©e. Elle tire. Un coup de feu. Le second. Il rĂ©sonne immense comme dans le hall d’une gare tout prĂšs de nos portes, dirait-on. - Contre le mur. Vite. Par terre, crie une de nos voix dans le noir. Ah ! Etre tuĂ©s comme des rats ici. La police va entrer, la milice, les Boches, ils tireront partout. À travers les portes, on est bon. Dos au mur de pierre c’est plus sĂ»r. Accroupis, nous Ă©coutons. C’est complet. Un chant violent, mais hĂ©sitant, peu coutumier dans leur voix. C’est l’“Internationale”. Les “casseurs” chantent l’“Internationale”. Comment veut-on qu’on en rĂ©chappe Ă  prĂ©sent, qu’on ne nous mette pas cette absurde rĂ©volte sur le dos, mais avec cette “Internationale” qui nous dĂ©signe, qui nous accuse, qui nous livre ? Elle cesse. Coup de feu. Et un rĂąle trĂšs haut et trĂšs lent. AHAAA
 Il y en a un de touchĂ©. Coup de feu encore. Encore un rĂąle. Un autre de touchĂ©. Coup de feu. Coup de feu. Coup de feu. Chaque fois, un rĂąle, un mort. Ils tirent comme aux lapins, Ă  travers les grilles, sur les fous. Il y aura six morts dans la nuit. C’est fait. L’émeute a compris. Un silence de panique s’abat sur la prison Ă  l’instant en dĂ©lire. Et, soudain, une voix s’élĂšve dans la cour. Une voix crie du haut du toit oĂč l’on guettait, une voix du dĂ©sespoir. - CAMARADES ! C’EST L’ARMÉE D’OCCUPATION QUI ENTRE ! La voix n’a pas dit les Boches ou les Allemands. Non. “L’armĂ©e d’occupation”. Étrange, cette formule officielle, rĂ©glementaire, dans le cri d’effroi. Oui, les Boches sont entrĂ©s. Ils n’interviendront pas. Pourquoi ? L’émeute est dĂ©jĂ  matĂ©e. Un sourd piĂ©tinement de troupeau emplit les couloirs, les galeries. Ils sont battus avant que de se battre. Et ils remontent, sans cris, sans bruit. Ils rentrent dans leurs cellules aux portes brisĂ©es. Ils se terrent les uns prĂšs des autres. Ils se recroquevillent sur eux-mĂȘmes, dĂ©lire tombĂ©, fureur fondue, Ă©lan coupĂ©. Ils ont peur. Ils vont attendre qu’on vienne les prendre. C’est ainsi. Tout Ă  l’heure, minuit sonnait dans l’ouragan. L’horloge, maintenant, Ă©grĂšne 4 heures au cƓur d’un absolu silence. C’est fini. Pensons Ă  l’aube. Mais le ciel d’étĂ©, trĂšs pur Ă  prĂ©sent, a gardĂ© Ă  sa base une blancheur lactĂ©e. Ma tĂȘte est vide aussi, mais soudain, devant la magie de ce ciel, de ce silence, de cette blancheur, je m’accroche malgrĂ© moi Ă  deux vers qui me reviennent Ă  l’esprit, deux vers d’un exquis poĂšme du vieil Hugo que j’aimais tant “
 Et l’aube pĂąle et douce, en attendant son heure Semble toute la nuit errer au bas du ciel.” La femme, les enfants, les amis, les poĂšmes, l’aube pĂąle et douce c’est ça, les pensĂ©es d’un noyĂ©. Nous avons rejoint nos paillasses. Et d’un coup, malgrĂ© nous, le sommeil nous abat, nous clĂŽt les yeux, nous dormons. Les autres aussi peut-ĂȘtre. » 
 Et l’aube pĂąle et douce en attendant son heure
 » 51 AD Yvelines, 1603 W 23. 93Le jour du 15 juillet s’est levĂ©. À 6 h 30 du matin, le milicien Bassompierre fait, Ă  l’aide d’un haut-parleur de la prĂ©fecture de police, les sommations d’usage DĂ©tenus, regagnez vos cellules respectives. Tous ceux qui restent dans les couloirs seront abattus sur-le-champ. » À la suite de quoi deux rafales de fusil-mitrailleur sont tirĂ©es dans un couloir dĂ©sert, occasionnant un bruit d’enfer. Knipping devait dĂ©clarer le 14 juillet 1945 Une grande effervescence rĂ©gnait encore Ă  l’intĂ©rieur de la prison oĂč les dĂ©tenus menaient grand bruit et dressaient des barricades qui furent partiellement dĂ©molies avec des lances de pompiers51. » La Franc-Garde avait encerclĂ© la SantĂ©. Elle pĂ©nĂštre dans la cour d’honneur aprĂšs que le calme fut revenu. 94Dautriat se redresse sur la couche oĂč il n’a pu fermer l’Ɠil. Lui aussi a attendu le jour, il n’y avait plus d’électricitĂ© pour pĂ©nĂ©trer Ă  l’intĂ©rieur de la dĂ©tention. Les Allemands exigent pour les guider Ă  l’intĂ©rieur que le surveillant chef les accompagne. EmmenĂ©s par BĂ©ranger Delpont, les miliciens et les gardes entrent dans les dĂ©combres de la dĂ©tention tout en tirant quelques coups de semonce. 52 Ibid. L’état de la prison Ă©tait indescriptible cellules saccagĂ©es, portes cassĂ©es, escaliers tordus, fils Ă©lectriques arrachĂ©s, la bibliothĂšque mise en piĂšces ainsi que les ateliers. Deux foyers d’incendie avaient Ă©tĂ© allumĂ©s et de nombreuses paillasses brĂ»lĂ©es. Les autres mises hors d’usage par l’eau envoyĂ©e par les pompiers52. » 95À dĂ©faut de rencontrer des vivants errant dans les couloirs, ils dĂ©couvrent six cadavres de prisonniers, font l’inventaire de nombreux blessĂ©s qui sont acheminĂ©s Ă  l’infirmerie du Quartier Bas. Dix d’entre eux parmi les plus atteints sont transfĂ©rĂ©s Ă  l’infirmerie centrale de Fresnes. Les dĂ©tenus, terrĂ©s dans des cellules dĂ©vastĂ©es pour la plupart d’entre elles il s’est trouvĂ© une cellule oĂč Ă©taient entassĂ©s 58 dĂ©tenus, n’avaient offert aucune rĂ©sistance. BĂątiments de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 96Parmi les quelque 500 portes de cellules qui furent trouvĂ©es dĂ©foncĂ©es, quelques-unes intĂ©ressaient la division des politiques ; il devait ĂȘtre Ă©tabli que la poussĂ©e venait, non du dedans, mais du dehors. Mais Farge doit discuter assez longuement avec les Allemands pour leur faire admettre que les politiques se sont totalement abstenus. 97Vers 7 h 30 du matin, Knipping rappelle Pierre Gallet Ă  la SantĂ© Bassompierre a rĂ©tabli l’ordre sans effusion de sang mais Niefeld est dĂ©chaĂźnĂ©. Venez vite et je vous expliquerai. »Gallet arrive Ă  la prison un peu aprĂšs 8 heures. Knipping vient de regagner son bureau, il a donnĂ© pour consigne Ă  Gallet d’attendre son retour. Le chef milicien Domeange donne sa version des derniers Ă©vĂ©nements GuidĂ©s par des surveillants, 200 miliciens pĂ©nĂštrent dans la dĂ©tention. Ils essuient trois coups de feu, tirent en l’air une rafale d’intimidation, puis se dĂ©ploient sans autre incident. À l’entrĂ©e du quartier politique, tout est calme, des sentinelles prennent position. Plusieurs dĂ©tachements de gardiens de la paix progressent derriĂšre les miliciens et se portent sur les coursives pour assurer la discipline. En moins d’une demi-heure, l’ordre est rĂ©tabli sans nouvelle victime. Bassompierre, qui a conduit l’opĂ©ration, est soulagĂ©. » 98Un mensonge au moins les mutins n’étaient Ă©videmment pas armĂ©s. 99Georges Altman est rĂ©veillĂ© par un cri d’oiseau. Le sommeil nous tint deux heures. Je me souviens que le bruit du rĂ©veil fut d’abord un simple, un faible cri d’oiseau dans l’aube. Un cri d’oiseau tout seul sur le monde endormi, sur le monde accablĂ© des hommes. L’oiseau pĂ©piait, la vie, l’étĂ© revenaient avec lui. Une seconde, l’oiseau du rĂ©veil Ă©loignait le cauchemar absurde. Bruits
 Des pas bottĂ©s sonnent Ă  travers les couloirs de la prison. Police et milice ont attendu le jour pour rentrer. Les pas montent. Et des voix psalmodient durement. - Police ! Haut les mains ! Sortez un par un. Écho qui reprend, se rĂ©pĂšte, se prolonge dans l’immense salle aux hommes. Le jour est lĂ . Les bottes sonnent, poussant devant elles un piĂ©tinement mou de foule docile. Ils sortent des cellules, les mains en l’air. Ouste ! dans la cour, tous ! FĂ©brilement, nous avons fait tout disparaĂźtre dans nos cellules qui d’ailleurs, miraculeusement, ne seront pas fouillĂ©es. Des amis Ă  la direction de la prison ont convaincu la police et les Boches que nous ne sommes pas dans le coup. Et tous ces jours-ci, la radio de Londres a fait son effet. On ne cherche pas d’histoire aux politiques. Nous ne le saurons que plus tard, quand la RĂ©sistance, deux jours avant l’insurrection, nous dĂ©livrera, plus heureux que nos frĂšres de Caen, massacrĂ©s dans leur prison. » 53 Les premiers surveillants Ă©taient couramment appelĂ©s “brigadiers”. 100Dautriat et les surveillants de nuit attendent toujours Ă  la deuxiĂšme porte. Puis on appelle le brigadier53 au Quartier Haut pour ĂȘtre une fois encore ! interrogĂ© par l’officier allemand et l’officier milicien assistĂ©s d’un interprĂšte. Je fus bien questionnĂ© huit ou dix fois sur les Ă©vĂ©nements de cette fameuse nuit du 14 juillet. “Comment savez-vous que les politiques n’ont pas bougĂ© ? OĂč Ă©tiez-vous pour vous en rendre compte ?” Ils ont insistĂ© mĂȘme pour que je leur donne le nombre exact des dĂ©tenus qui se trouvaient dans les cellules. Je fis comprendre Ă  l’interprĂšte que tous n’avaient pas rejoint ces cellules certains Ă©taient encore dans les sous-sols et que sans les compter je ne pouvais en dire le nombre et surtout le nombre exact. » 101Allemands et miliciens entendent alors se rabattre sur les meneurs. Dautriat refuse de se prĂȘter Ă  ce funĂšbre tri. Tel ne fut pas le cas du surveillant chef Patte, qui se chargea de rĂ©pondre aux questions intĂ©ressant le sort de tel ou tel dĂ©tenu de droit commun ». Patte, considĂ©rĂ© Ă  la LibĂ©ration comme un glorieux rĂ©sistant
 102Dautriat erre dans la prison dĂ©solĂ©e. Au premier Ă©tage de la 9e division, des gardes compatissants viennent l’avertir qu’un dĂ©tenu se trouve seul dans une cellule sans porte. Je vis en effet un jeune pupille blotti dans un coin de la cellule, face au mur “J’étais en cellule de punition Ă  la 7e division. Je suis venu lĂ  pour voir des camarades. Je vous en prie, chef, je suis IsraĂ©lite. S’ils me voient, ils vont me fusiller. Cachez-moi, je ne bougerai pas”. » 103Dautriat le fait alors passer dans une cellule avec d’autres pupilles dĂ©jĂ  interrogĂ©s. Il ne risquait plus rien. Il comprit et me dit tout bas “Merci chef”. » Puis il s’éloigna, regrettant de ne pas pouvoir faire plus et sauver les autres. Dautriat le Juste et les surveillants de l’équipe de nuit ne retrouveront leur libertĂ© qu’à 12 h 45. Jean Bassompierre, inspecteur gĂ©nĂ©ral de la Milice pour la zone Nord 104L’inspecteur gĂ©nĂ©ral de la Milice Georges-Louis Marionnet a dĂ©jĂ  commencĂ© son enquĂȘte. Il parcourt la 9e division, d’oĂč la mutinerie est partie. Il a trouvĂ© un assistant » en la personne d’un indicateur de notre connaissance, Gabriel Jeannin. L’inspecteur gĂ©nĂ©ral, qui s’est adjoint plus officiellement le milicien Radici, entend chaque dĂ©tenu hors de sa cellule et de la prĂ©sence de ses co-dĂ©tenus. La plupart s’accusent mutuellement. 105Vers 9 h 15, nouvelle rĂ©union dans le bureau du directeur, avec la prĂ©sence cette fois des officiers de la garde. Niefeld tempĂȘte, s’en prend aux miliciens Vous ĂȘtes tous des abrutis, des incapables. Vous aviez dans le quartier politique des adversaires acharnĂ©s, vous auriez dĂ» profiter de l’occasion pour en finir avec eux. Je vais faire immĂ©diatement un exemple. Il me faut au moins deux cents cadavres. » 106II interdit au mĂ©decin de la Milice d’aller soigner les blessĂ©s dans les cellules. Bassompierre ne se laisse pas impressionner par le SS, qui finit par transiger Ă  100 fusillĂ©s. Bassompierre refuse les exĂ©cutions sommaires et suggĂšre la rĂ©union d’une cour martiale que seul Darnand est habilitĂ© Ă  rĂ©unir. Nouvelle colĂšre de Niefeld Vous, Français, vous raisonnez comme des notaires. J’exige que vous exĂ©cutiez cent mutins ou je rappelle une compagnie de Feldgendarmes qui se chargeront de la besogne. » Bassompierre tente alors de se dĂ©charger de la terrible responsabilitĂ© qui lui a Ă©tĂ© confiĂ©e trier des otages sur Georges Radici, le chef de cabinet de Knipping. Radici essaie de gagner du temps en attendant le retour de son chef. Sur les indications des surveillants, qui lui dĂ©signent les cellules d’oĂč la mutinerie est partie, et toujours accompagnĂ© de Niefeld, Radici s’évertue Ă  trier les meneurs, presque tous des jeunes de la 9e division. 107Écoutons Ă  ce propos Maurice Couget Au cours de la matinĂ©e, quand le calme fut rĂ©tabli, M. Bassompierre me pria de l’accompagner au Quartier Haut. Nous arrivĂąmes Ă  la cour des politiques, oĂč une cinquantaine de jeunes dĂ©tenus de droit commun provenant des 9 et 12 divisions se trouvaient alignĂ©s le long d’un mur, les mains en l’air, la face tournĂ©e vers le mur. Sur ma demande, M. Bassompierre m’indiqua que ces dĂ©tenus Ă©taient appelĂ©s Ă  ĂȘtre fusillĂ©s. Des miliciens en armes se tenaient prĂȘts Ă  faire feu. J’ai fait part Ă  M. Bassompierre de mon Ă©tonnement et lui ai fait observer qu’il faudrait tout d’abord aviser le commissaire de police et prendre les dispositions avec les Pompes funĂšbres, et qu’enfin cette rĂ©pression Ă©tait trop expĂ©ditive. À ces remarques, M. Bassompierre m’a rĂ©pondu que ce serait tant mieux pour l’exemple si les cadavres restaient exposĂ©s un certain temps. » 54 Aron Robert, Histoire de l’épuration, Paris, Fayard, p. 243. 108Bassompierre, lors de l’instruction de son procĂšs, nia avoir tenu ces propos et traita le sous-directeur de menteur54. Effectivement, Ă  9 h 30, un premier tri avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Il aboutit Ă  l’envoi sur la cour de 100 prisonniers. Tous les casseurs sont dans la cour », Ă©crit Georges Altman. Nous regardons, on les fouille. Cela dure deux heures. » Cela dure deux heures parce que Radici continue de trier, sous le regard de Niefeld, pour aboutir au chiffre de 50 otages, que l’on s’apprĂȘte Ă  fusiller sans jugement. Niefeld autorise un prĂȘtre Ă  les confesser. 109Bassompierre prĂ©tend ĂȘtre reparti de la SantĂ© vers 10 heures du matin. Son avocat, Me Colin, devait Ă©crire 55 Colin Charles Amboise, Sacrifice de Bassompierre, Paris, Amiot-Dumont, 1948, p. 32. À 6 heures du matin, Bassompierre prend des dispositions intelligentes, prĂ©cises et Ă©nergiques, qui lui permettent en deux heures, sans faire une seule victime, de rĂ©tablir l’ordre, de faire rentrer les dĂ©tenus dans leurs cellules et de prĂ©server les dĂ©tenus politiques. Vers 10 heures du matin, sa mission terminĂ©e, Bassompierre quitta la prison de la SantĂ©55. » 56 Delperrie de Bayac Jacques, Histoire de la Milice. 1918-1945, Paris, Fayard, 1969, p. 495. Citat ... 57 Ibid., p. 494. 110Un tissu de mensonges, malheureusement repris par des historiens pressĂ©s. Si Bassompierre est sorti de la SantĂ© Ă  10 heures, il ne s’est Ă©clipsĂ© qu’un court moment. RenĂ© Vanegue, directeur adjoint de la police municipale, entendit Bassompierre lui annoncer un peu avant 11 heures Oui, nous en passerons 50 par les armes ; nous connaissons d’ailleurs les coupables56. » Et quand Knipping revient Ă  la SantĂ© vers 11 heures, il tombe justement sur Bassompierre, donc bien prĂ©sent, qui lui dĂ©clare Tu arrives bien, nous allons fusiller les principaux coupables. » C’était, selon lui, la dĂ©cision des Allemands », prĂ©cise Knipping. Celui-ci interdit Ă  Bassompierre de faire procĂ©der Ă  cette exĂ©cution massive, il fait baisser les fusils des miliciens braquĂ©s sur les otages et repart en hĂąte voir Hagen et Niefeld. Les trois hommes s’enferment dans le bureau du directeur. Un quart d’heure plus tard, sortie des Allemands et dĂ©claration de Niefeld Tous les dĂ©tenus sont maintenant dans leurs cellules. Les Allemands quittent la prison. La police municipale est chargĂ©e de garder les dĂ©tenus ; la Milice française est chargĂ©e de l’enquĂȘte et des reprĂ©sailles57. » 111II est certain que Knipping a rĂ©ussi Ă  convaincre les Allemands que la tenue d’une cour martiale Ă©tait prĂ©fĂ©rable Ă  des exĂ©cutions sommaires. Il semble qu’un accord fut conclu sur un nombre compris entre 40 et 50 fusillĂ©s. Knipping tĂ©lĂ©phone Ă  Darnand qui est Ă  Vichy, lequel donne son accord. Puis il apprend Ă  Pierre Gallet 26 ans que Darnand l’a dĂ©signĂ© comme prĂ©sident de la cour martiale. Je serai moi-mĂȘme assesseur, ajoute Max Knipping, en compagnie de Georges Radici, LĂ©on [LĂ©on Sonntag, attachĂ© de cabinet au secrĂ©tariat au Maintien de l’Ordre] fera [sic] commissaire du gouvernement. » Knipping n’entend pas tergiverser Pour Ă©viter qu’il [Niefeld] n’en fusille 100. Nous ne pouvons rien faire d’autre. » Knipping semble, au dire de Gallet, Ă  bout de volontĂ©. Son dernier entretien avec Niefeld l’a brisĂ© ». 112On enferme alors les 50 Ă  12 ou Ă  13 dans quatre cellules rescapĂ©es du Quartier Haut et du Quartier Bas. Il n’est pas encore midi quand commence l’audience. Il Ă©tait prĂ©vu qu’à midi, tout serait terminĂ©, le commissaire de police s’impatiente, cinquante tombes, creusĂ©es au cimetiĂšre d’Ivry, attendent dĂ©jĂ  les dĂ©pouilles. Gallet tergiverse, entend dĂ©compter les 5 morts de la nuit 6 en rĂ©alitĂ©, mais le sixiĂšme cadavre n’a dĂ» ĂȘtre retrouvĂ© que plus tard. 5 gamins trouvent ainsi Ă  sauver leur peau. Les 50 ne sont plus que 45. 58 Amouroux Henri, op. cit., p. 1029-1030. 113Les gardes de la 7e compagnie en garnison Ă  la caserne de la Nouvelle France ont reçu l’ordre, Ă  12 h 45, de rejoindre par camion la prison de la SantĂ©. Certains refusent d’obtempĂ©rer, d’autres descendent des camions. Ils ont encore en mĂ©moire l’exĂ©cution des neuf maquisards de l’Aube du 30 avril. Des officiers leur avaient alors expliquĂ© que les condamnĂ©s, sous couvert de rĂ©sistance, avaient tuĂ© des femmes et des enfants. Le lieutenant remonte dans sa chambre, prĂ©textant un malaise. Le lieutenant-colonel le rejoint, l’assure que les condamnĂ©s sont des droit commun, menace le lieutenant d’ĂȘtre fusillĂ©. Rien n’y fait. Le lieutenant-colonel reprend, tout en lui serrant la main Vous allez peut-ĂȘtre faire fusiller votre colonel, peut-ĂȘtre aussi des gardes, car personne ne va vouloir partir si vous ne descendez pas. Ça va ĂȘtre une affaire formidable ; peut-ĂȘtre la fin de la Garde. » Le lieutenant interroge Vous m’assurez, mon colonel, qu’il faut exĂ©cuter l’ordre pour le bien de la France ? - Je vous l’assure, ça ne fait aucun doute. - De la France anti-boche ? - Je vous l’assure. - Vous me donnez votre parole d’honneur ? - Je vous la donne58. » Les camions arrivĂšrent en retard Ă  la SantĂ©, mais ils arrivĂšrent. 59 Les sources divergent pour certaines, la cour martiale ne siĂ©gea qu’entre 1 3 heures et 18 h 30. 60 C’est ainsi que le dĂ©crit Benoist-MĂ©chin Jacques, De la dĂ©faite au dĂ©sastre, t. 2, Paris, Albin ... 114En prĂ©sence du directeur de l’administration pĂ©nitentiaire Baillet, d’un aumĂŽnier et de six surveillants, 45 dĂ©tenus de droit commun, sĂ©lectionnĂ©s par Marionnet puis Radici, comparaissent devant la cour martiale qui se tient dans la salle du prĂ©toire. L’audience va durer toute l’aprĂšs-midi, s’achevant vers 17 heures selon les uns, vers 19 h 30 selon les autres, quelques minutes quoi qu’il en soit par accusĂ©59. Soit d’eux-mĂȘmes, soit devant les accusations de leurs camarades, tous reconnaissent la part qu’ils ont prise au mouvement », Ă©crit Gallet. Un tri macabre est opĂ©rĂ© par les miliciens, 17 victimes expiatoires finissent par ĂȘtre tirĂ©es du chapeau. Le compte n’y est pas, Knipping prend la parole Inutile de nous leurrer. Si nous Ă©cartons un plus grand nombre de mutins, Niefeld les fusillera tous, plus cinquante autres. C’est tout ce que nous aurons gagnĂ©. » Radici approuve. Ce ne sont plus 17 mais 28 d’entre les 45 qui sont condamnĂ©s Ă  mort. 20 sur ces 28 ont moins de 20 ans. On imagine le milicien Pierre Gallet prĂ©sider la cour, dĂ©vorĂ© par un feu intĂ©rieur si intense qu’il l’empĂȘchait de s’exprimer autrement qu’à voix basse, et avec un dĂ©bit hachĂ© » et posant sur les accusĂ©s un regard limpide et calme, dont la fixitĂ© reflĂ©tait la rigueur de ses pensĂ©es 60 ». 115Gallet lit la sentence de morts aux gamins rĂ©unis devant l’accĂšs aux locaux de dĂ©tention ». Un seul parmi les 28 cria que l’ArmĂ©e rouge le vengerait. Pierre Gallet prĂ©sida la cour martiale qui envoya 28 dĂ©tenus Ă  la mort 116Sept poteaux ont Ă©tĂ© plantĂ©s dans le chemin de ronde cĂŽtĂ© rue Jean Dolent. À partir de 18 h 30, se succĂšdent, sur une demi-heure de temps, quatre vagues d’exĂ©cutions, chaque peloton comprenant six gardes armĂ©s de mousquetons et commandĂ©s par le lieutenant dont on a Ă©voquĂ© les scrupules. L’adjudant chargĂ© de donner les coups de grĂące est dĂ©goĂ»tĂ© de la triste besogne qui lui a Ă©tĂ© confiĂ©e. Il veut faire croire que son arme s’est enrayĂ©e. Baillet, s’apercevant de la manƓuvre, lui tend son arme personnelle. Le commissaire de police du 14e arrondissement, l’impatient Loupias, qui a Ă©tĂ© requis pour assister Ă  la funĂšbre cĂ©rĂ©monie, devait tĂ©moigner au procĂšs de Knipping Les mutins Ă©taient fusillĂ©s par groupes de 7 hommes. Chaque groupe assistait Ă  l’exĂ©cution du prĂ©cĂ©dent. Les gardes Ă©taient si Ă©cƓurĂ©s qu’ils tiraient Ă  cĂŽtĂ©, si bien qu’il fallait recommencer plusieurs fois. » Confirmation de Gallet Les hommes, violemment Ă©mus, tiraient mal, dispersant leur tir, et les coups de grĂące que donnait un adjudant cassaient souvent des cris de douleur [
] Quand tout fut terminĂ©, je me dirigeai vers le lieutenant qui commandait le peloton. Je voulais lui serrer la main. Il se mit au garde-Ă -vous et me fit un salut militaire. De grosses larmes coulaient le long de son nez. » 117Georges Altman Ă©crit de son cĂŽtĂ© Comme c’est fort une salve ! On en fusille 28, 4 fois 7. Les meneurs, paraĂźt-il, ou ceux que d’autres ont dĂ©noncĂ©s. Un provocateur [Jeannin] Ă©tait, dit-on, dans l’émeute. Il siĂšge au tribunal en fumant la cigarette. » 61 CitĂ© par Jean Galtier-BoissiĂšre, Histoire de la guerre 1939-1945, op. cit., vol. II, p. 273. 118Bassompierre a prĂ©tendu dans son ouvrage FrĂšres ennemis que les 450 dĂ©tenus politiques gaullistes et communistes ne furent Ă©pargnĂ©s que grĂące Ă  la Milice61 ». Marionnet, interrogĂ© par la DST le 22 octobre 1945, devait aborder la question du pourquoi de la mutinerie 62 AD Yvelines, 1603 W 23. Les motifs en Ă©taient que beaucoup Ă©taient dĂ©tenus depuis fort longtemps pour des faits de peu de gravitĂ© sans avoir Ă©tĂ© interrogĂ©s, que par ailleurs la nourriture, Ă©tait trĂšs dĂ©fectueuse et que l’état sanitaire laissait Ă  dĂ©sirer. Enfin le bruit avait couru Ă  l’intĂ©rieur de la prison que dans la nuit du 14 au 15 juillet une intervention extĂ©rieure serait faite en vue de dĂ©livrer lesprisonniers62. » 63 Ibid. 119Quant Ă  Knipping, il devait affirmer le 14 juillet 1945 que les sentences prononcĂ©es ne touchĂšrent que des condamnĂ©s de droit commun, chargĂ©s de lourdes condamnations plusieurs assassins condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©63 ». Ce n’était le cas que de 5 ou 6 d’entre eux. On vĂ©rifiera la vĂ©racitĂ© de ce dire dans notre liste des 28 fusillĂ©s qui figure en annexe. Bilans 120Vers 20 heures se termine l’identification des corps des 28 suppliciĂ©s, que l’on emporte au cimetiĂšre d’Ivry. 121Le bilan des dĂ©gĂąts a commencĂ© avant le bilan humain 588 cellules sur 1 012 Ă©taient devenues inutilisables ; sur les 514 autres, il faut dĂ©compter celles du service gĂ©nĂ©ral 77 et celles des politiques 90, les uns et les autres n’ayant Ă  aucun moment pris part Ă  la rĂ©bellion ; restent 347 cellules, oĂč vont s’entasser de 12 Ă  13 dĂ©tenus dans le Quartier Haut et 5 dans le Quartier Bas. Il Ă©tait prĂ©vu que l’on remĂźt en Ă©tat 12 Ă  15 cellules par jour en moyenne. 122Dans son rapport du 21 juillet 1944, l’inspection gĂ©nĂ©rale des services de la prĂ©fecture de police incrimine le trop plein de sĂšve des plus jeunes dĂ©tenus de droit commun Les dĂ©tenus politiques s’étaient abstenus [
] Il en Ă©tait de mĂȘme pour les dĂ©tenus employĂ©s aux services gĂ©nĂ©raux [
] La grande majoritĂ© des condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s Ă©taient restĂ©s en dehors de l’affaire [
] MĂȘme les dĂ©tenus de la grande surveillance, particuliĂšrement dangereux, ne paraissaient pas avoir eu une part principale Ă  la rĂ©bellion. » 123L’inspection gĂ©nĂ©rale met en avant les dĂ©ficiences de la prison de la SantĂ© surpeuplement, faiblesse des cloisons et des serrures, absence d’un cloisonnement Ă©tanche entre les diverses divisions, possibilitĂ© pour les dĂ©tenus de se concerter durant les promenades ou les dĂ©placements, absence de hottes aux fenĂȘtres donnant sur le chemin de ronde rendant possibles les communications avec l’extĂ©rieur. L’inspecteur conclut Toute la sĂ»retĂ© de la prison de la SantĂ© repose, du point de vue matĂ©riel, sur l’unique grille placĂ©e Ă  l’entrĂ©e de la dĂ©tention, dont il n’est pas certain que le scellement soit parfait. » 124L’inspection gĂ©nĂ©rale se rĂ©jouit cependant car la rĂ©bellion a complĂštement Ă©chouĂ© et aucune Ă©vasion ne s’est produite ». Elle se fĂ©licite des mesures de sĂ©curitĂ© prises depuis le mois d’octobre 1943, quand un poste de garde armĂ© avait Ă©tĂ© installĂ©. L’inspection gĂ©nĂ©rale redoute nĂ©anmoins une rĂ©bellion qui Ă©claterait au milieu de la journĂ©e quand deux ou trois cents dĂ©tenus vont et viennent dans les couloirs et qu’il y a des visiteurs avocats, famille. MaĂźtriser les gardiens, s’emparer des clefs et ouvrir les cellules, se saisir des visiteurs et faire d’eux et des gardiens des otages qu’on eut poussĂ©s devant soi pour empĂȘcher le piquet de sĂ©curitĂ© de faire usage de ses armes, n’eĂ»t pas Ă©tĂ© impossible. Le rĂ©tablissement de l’ordre s’en fĂ»t trouvĂ© beaucoup plus pĂ©nible et dĂ©licat ». 125À compter du 15 juillet, 100 agents de police armĂ©s furent affectĂ©s Ă  la garde intĂ©rieure de l’établissement cependant que les enquĂȘteurs de la Milice poursuivaient leur enquĂȘte. Le lendemain, 500 dĂ©tenus de droit commun Ă©taient libĂ©rĂ©s. 126La conclusion de Georges Altman est, on peut le regretter, sans surprise Cette histoire n’était pas la nĂŽtre, ces fusillĂ©s ne sont pas nĂŽtres. » TĂ©moignage qui va dans le mĂȘme sens, celui de Pierre Romoeuf, dĂ©tenu politique Ă  la prison de la SantĂ© du 3 dĂ©cembre 1943 au 17 aoĂ»t 1944, 14e division, 57e cellule Lors de la mutinerie du 14 juillet qui ne fut qu’une provocation organisĂ©e par quelques dĂ©tenus de droit commun au service de l’ennemi, nous avons Ă©chappĂ© aux reprĂ©sailles des miliciens de Darnand grĂące Ă  l’intervention de la direction qui s’est efforcĂ©e de prouver que les dĂ©tenus politiques n’avaient pas participĂ© Ă  cette mutinerie. » 127Le communiste BrĂ© reconnaĂźt pour sa part le courage de la plupart des jeunes dĂ©tenus DC [droit commun], fusillĂ©s le 15 juillet aprĂšs la mutinerie du 14, qui allĂšrent au poteau d’exĂ©cution en criant “Vive la France” et qui, pour la plupart sont morts comme des patriotes ». Opinion que partage en tout point son camarade Roger Payen. 64 Martine Garcin m’a fort gĂ©nĂ©reusement communiquĂ© une lettre adressĂ©e le 23 novembre 1987 par Rol T ... 65 Voir, sous la direction de Jean-Pierre Vittori, avec la collaboration d’IrĂšne Michine, Le grand li ... 128Le vent mauvais devait s’éloigner de la prison de la SantĂ© dans le courant du mois d’aoĂ»t. Au dĂ©but de ce mois, les 400 politiques vivaient pourtant toujours dans l’angoisse de mesures de rĂ©torsion de la part des Allemands. Bien heureusement le 17 aoĂ»t, le prĂ©fet de police BussiĂšre, en liaison avec le consul de SuĂšde Nordling, ordonnait la libĂ©ration des politiques de la SantĂ©, de la Roquette et des Tourelles64. À la SantĂ©, un certain nombre de surveillants, parmi lesquels AimĂ© Pastre, poussĂšrent » la direction Ă  ouvrir les portes aux rĂ©sistants qui y Ă©taient incarcĂ©rĂ©s. Il Ă©tait 18h3065. 129Les miliciens Knipping Max, Bassompierre Jean et Radici Georges furent pour leur part jugĂ©s, condamnĂ©s Ă  mort et fusillĂ©s quelque temps plus tard. Quant aux agents de l’administration pĂ©nitentiaire prĂ©sents cette nuit-lĂ  – 29 surveillants et gradĂ©s de service, plus un gradĂ© logĂ© sur place, sans compter le directeur rĂ©gional, le directeur, les deux sous-directeurs, l’économe et les deux commis –, ils se virent rĂ©compensĂ©s d’une gratification de 1 000 F, aprĂšs que l’administration centrale eut tentĂ© d’en diminuer le montant. Les membres du personnel de direction et ceux du personnel administratif reçurent pour leur part une lettre de fĂ©licitations. IntĂ©rieur de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 130Puis vinrent les temps de l’épuration. Ils n’épargnĂšrent pas le directeur rĂ©gional Roger Poirier, qui fut incarcĂ©rĂ© Ă  Drancy puis Ă  Fresnes avant d’ĂȘtre mis en retraite anticipĂ©e et sans pension. Jean Farge dut quitter Paris contre son grĂ© mais termina sa carriĂšre comme directeur rĂ©gional. Maurice Couget lui aussi fut promu directeur, puis directeur rĂ©gional. En guise de conclusion y a-t-il eu provocation ? 131C’est la thĂšse d’un certain nombre de rĂ©sistants, en particulier des communistes. Pour l’ancien dĂ©putĂ© Dutilleul, une Ă©vasion massive des politiques se prĂ©parait Ă  la SantĂ© pour le lendemain 15 juillet, le sous-directeur Couget Ă©tant dans le coup ». Or, une rĂ©volte fut fomentĂ©e parmi les dĂ©tenus de droit commun pour la veille au soir. Les politiques ont donc flairĂ© la provocation Ă  leur Ă©gard. On [voulait] les faire participer Ă  l’émeute, s’abriter de leur idĂ©al d’abord, de leur corps ensuite », Ă©crit Dutilleul, qui va jusqu’à insinuer que c’est Couget qui en aurait Ă©tĂ© l’instigateur pour fuir ses responsabilitĂ©s et les risques qu’il aurait Ă©tĂ© amenĂ© Ă  courir si l’évasion collective projetĂ©e pour le 15 avait trouvĂ© Ă  se rĂ©aliser. 132Il est vrai que les Ă©vĂ©nements du 14 juillet entraĂźnĂšrent le renforcement des forces de police. Le 15 juillet au soir, Couget informe de cette nouvelle situation Perrin et Charles, ses contacts dans la RĂ©sistance. Les jours passent, Couget tente mais en vain de joindre Charles. Perrin finit par l’appeler, lui fixe un rendez-vous auquel Perrin ne se rend pas. Couget s’en inquiĂšte auprĂšs de Dutilleul, qui finit par apprendre que Charles avait Ă©tĂ© obligĂ© de prendre quelques temps le maquis ».Nouveau rendez-vous avec Perrin, nouveau lapin ». Le 26 juillet, Couget est informĂ© in extremis qu’une tentative d’évasion doit avoir lieu le soir mĂȘme, projet annulĂ© Ă  cause de la carence Ă  la derniĂšre minute des responsables du FN ».Dutilleul juge surtout Couget en se basant sur les Ă©vĂ©nements du mois d’aoĂ»t, quand le sous-directeur dĂ©serta la SantĂ© alors que les politiques risquaient d’ĂȘtre livrĂ©s aux Allemands. Ce qui se serait sans doute malheureusement produit sans l’intervention du consul Nordling, Ă  la suite des dĂ©marches incessantes de Roger Poirier, Ă  qui il fut demandĂ© de diriger la SantĂ© aprĂšs la fuite de Farge, de Couget et de Bonneu. IntĂ©rieur de la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 133Je ne suis pas convaincu que le projet d’évasion invoquĂ© par Dutilleul Ă©tait sĂ©rieux, du moins pour la journĂ©e du 15 juillet. Si projet il y avait eu, il devait appartenir Ă  la catĂ©gorie des projets fumeux qui ne cessĂšrent d’ĂȘtre imaginĂ©s entre dĂ©but juin et la LibĂ©ration par les catacombes, mais il y avait Ă  percer 20 mĂštres de roche ; une intrusion de faux miliciens, mais l’affaire d’Henriot tuĂ© par de faux miliciens la rendit impossible ; un assaut en rĂšgle, avec une armada de camions garĂ©e devant la prison, une opĂ©ration insensĂ©e. Si le projet avait Ă©tĂ© sĂ©rieux, les politiques se seraient vraisemblablement abstenus de cĂ©lĂ©brer, dans une atmosphĂšre aussi explosive, leur 14 juillet des patriotes, lequel aurait bien pu dĂ©raper – ĂȘtre accompagnĂ© par exemple, Ă  la mĂȘme heure, d’un 14 juillet incontrĂŽlable des droit commun ». 134Or, les politiques ont tout fait pour, sinon bannir de leur cĂ©lĂ©bration les droit commun, du moins organiser une cĂ©lĂ©bration bien Ă  eux. Les droit commun n’ont pas voulu ĂȘtre en reste, ils ont choisi de faire la fĂȘte » de leur cĂŽtĂ©. C’était pour eux une façon de se distinguer, de se venger sans doute du mĂ©pris oĂč les tenaient les politiques de la SantĂ©, ou du moins les rĂ©sistants de l’extĂ©rieur au travers des messages de la radio de Londres, de dĂ©montrer leur courage, un courage suicidaire. Fatalement suicidaire. 66 Galtier-BoissiĂšre Jean, Mon journal pendant l’Occupation, Paris, La Jeune Parque, 1945, p. 245 67 Varennes Claude, Le Destin de Marcel DĂ©at », citĂ© par Jean Galtier-BoissiĂšre, Histoire de la g ... 135Provocation de la part de Bucard et de ses sbires ? Eux aussi Ă©taient des dĂ©tenus privilĂ©giĂ©s », partageant la mĂȘme cellule, mais qui ne pesaient pas grand chose au sein du rapport complexe des forces multiples qui s’entrecroisaient et se contrariaient Ă  la SantĂ©, politiques entre eux, politiques versus droit commun mais pas tous, droit commun entre eux, pĂ©nitentiaires entre eux, pĂ©nitentiaires avec une fraction de dĂ©tenus contre pĂ©nitentiaires avec une autre fraction, un sac de nƓuds ». La fable du comptable Ă  la solde de Bucard ne tient pas c’est ce mĂȘme comptable qui a au contraire informĂ© la direction des prĂ©paratifs de l’émeute. Il semble mĂȘme que Bucard fut sollicitĂ© par certains droit commun manipulĂ©s par des policiers assoiffĂ©s de vengeance pour se mettre Ă  la tĂȘte de la rĂ©volte. Galtier-BoissiĂšre signale dans son Journal » Sam doute a-t-il eu peur d’un coup montĂ©, d’une Ă©chauffourĂ©e au cours de laquelle il serait abattu66. » Abattu par des forces de police qui ne lui pardonnaient pas l’assassinat de deux des leurs. Bucard, Ă  sa libĂ©ration, se prĂ©cipita bouleversĂ© chez Marcel DĂ©at Ă  qui il devait confier son indignation67. En tout cas, un fait est avĂ©rĂ© aucun politique n’a fait les frais de la terrible rĂ©pression qui s’abattit sur les 28 supposĂ©s meneurs » parmi les seuls droit commun. RĂ©pression ciblĂ©e ? 68 AD Yvelines, 1603 W 34. Audition de Maurice Couget du 8 dĂ©cembre 1945. 136Quelques grands criminels, un ou deux dĂ©tenus incontrĂŽlables et une immense majoritĂ© de petits gueux parisiens, voleurs de poules ou Julot casse-croĂ»te. Quant Ă  Gabriel Jeannin, qui fut rĂ©compensĂ© par une place de comptable gĂ©nĂ©ral, c’est Couget qui devait souligner ses accointances avec la Milice, prĂ©tendant qui plus est que Marionnet avait entretenu avec Jeannin une correspondance dont nous n’avions pas le contrĂŽle et il l’a mĂȘme extrait pour une journĂ©e de l’établissement68 ». 137À l’administration centrale des services pĂ©nitentiaires, parmi les futurs responsables de l’aprĂšs-Vichy les Pinatel, Lhez, Popot, Gilquin, etc., nul n’a jamais doutĂ© en tout cas que la rĂ©volte du 14 juillet n’eĂ»t Ă©tĂ© uniquement le fait de dĂ©tenus exaspĂ©rĂ©s dans une prison surpeuplĂ©e. Aurait-on pu monter » cette rĂ©volte sans qu’il n’en transpire rien dans les bureaux ? 138Quant Ă  la libĂ©ration de 500 dĂ©tenus, prĂ©venus ou appelants, tous des rĂ©voltĂ©s de la veille, il n’y faut probablement voir que l’aberration d’une administration incapable de rĂ©soudre les problĂšmes qui lui incombaient, la solution de facilitĂ© consistant alors dans le recours au dĂ©sencombrement d’un Ă©tablissement pĂ©nitentiaire surpeuplĂ©, le tout imaginĂ© par des individus incompĂ©tents qui n’avaient pas compris tout ce qu’une telle mesure comportait d’effarant illogisme. Faut-il pour cela assimiler ces 500 libĂ©rĂ©s Ă  500 complices, et peut-on admettre qu’une telle complicitĂ© n’eĂ»t pas dĂ©voilĂ© les motifs secrets des auteurs principaux ? Si cette affaire du 14 juillet dĂ©montre une impuissance administrative, elle ne constitue en rien une trahison Ă  l’égard des dĂ©tenus politiques. Chemin de ronde Ă  la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© photo Pierrette Nivet, 2005 139Du comportement des pĂ©nitentiaires du terrain, je reparlerai plus longuement Ă  une autre occasion. Il serait trop facile de les mĂ©priser. Pire encore d’imaginer qu’ils eussent seulement songĂ© Ă  laisser assassiner les politiques. MalgrĂ© ce qu’ont pu en dire les communistes. Ceci posĂ©, j’avais, en commençant ces recherches, un prĂ©jugĂ© trĂšs favorable Ă  l’égard de Couget, Couget le rĂ©sistant officiel, quand Poirier et Farge m’apparaissaient comme des crĂ©atures molles sinon diaboliques. On peut bien sĂ»r reprocher Ă  Poirier son cĂŽtĂ© militaire, qui explique qu’il n’hĂ©sita pas Ă  donner l’ordre de tirer sur les mutins. À la guerre comme Ă  la guerre, aurait-il rĂ©pondu pour sa dĂ©fense. Mais Poirier fut le seul membre du personnel de direction Ă  rester Ă  la barre » du navire SantĂ© passĂ© le 15 aoĂ»t, quand tous les autres avaient fui, Couget le premier. Poirier le paya trĂšs cher. Quant Ă  Farge, il fut dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements. Cet homme d’une grande valeur morale n’était pas Ă  sa place, et pour de multiples raisons, Ă  la tĂȘte d’un Ă©tablissement, la SantĂ©, dĂ©jĂ  trĂšs difficilement gĂ©rable en temps ordinaire et sur lequel soufflait un vent de tempĂȘte. Il en Ă©tait le premier conscient, il faut au moins lui rendre cet hommage-lĂ . 69 C’est grĂące Ă  Martine Garcin que j’ai pu communiquer avec lui. 140Puis est venu le temps de mes Ă©changes avec Roger Payen69. Roger Payen reste Ă  93 ans, avec une luciditĂ© et une honnĂȘtetĂ© intellectuelle que le temps a approfondies, persuadĂ© que provocation il y a eu. Les arguments en faveur de cette thĂšse ne manquent pas billets appelant Ă  l’émeute signĂ©s » des seuls politiques ; insistance des dĂ©tenus de droit commun, lors de l’émeute, Ă  y impliquer les politiques ; chant de L’Internationale entonnĂ© par les mutins de prĂ©fĂ©rence Ă  celui de la Marseillaise, qui donne aux Ă©vĂ©nements, me dit Roger Payen, un coloration plus rouge que rouge » ; etc. Par respect pour l’homme qu’il est, j’aimerais partager son avis. Un historien doit s’interdire cependant, c’est Ă  mes yeux Ă©lĂ©mentaire, d’ĂȘtre un militant et je crois Ă  une vĂ©ritĂ© plus banale les droit commun n’ont pas voulu ĂȘtre en reste avec les politiques et cĂ©lĂ©brer leur 14 juillet avec Ă©clat ; les pĂ©nitentiaires ont laissĂ© faire, n’ont pas pris en tout cas les prĂ©cautions qui s’imposaient, ce qui Ă©tait, il faut le dire Ă  leur dĂ©charge, trĂšs difficile compte tenu du contexte de l’époque ; puis la mutinerie a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, et, cela est indĂ©niable, les Allemands, plus prĂ©cisĂ©ment les SS, ont voulu profiter de l’évĂ©nement pour massacrer les communistes. Bienheureusement, que cette vĂ©ritĂ© plaise ou non, la plupart des pĂ©nitentiaires, et c’est Ă  leur honneur – Ă  l’honneur de certains plus qu’à celui d’autres je le concĂšde, songeant ici Ă  cet homme magnifique qu’est le premier surveillant Dautriat –, quelques miliciens mĂȘme, ma plume rĂ©sisterait-elle Ă  l’écrire, se sont interposĂ©s pour que cet assassinat ne soit pas perpĂ©trĂ©. Et, le fait est indiscutable, les victimes expiatoires ont Ă©tĂ© cette fois les seuls droit commun, Ă  l’inverse de ce qui avait pu se passer dans d’autres prisons, Eysses, Caen, Laon etc., oĂč les victimes furent exclusivement politiques et principalement communistes, ce que nul ne songe d’ailleurs Ă  contester.
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Mercato estival 2022/2023] Saruman et ses compÚres de la maison de retraite. Discussion dans 'Les Transferts/Mercato 2022/2023' démarrée par Massilia1313, 14 Juillet 2022.
PubliĂ© le 15/07/2012 Ă  0600 TREBES Toutes les occasions sont bonnes pour animer la Maison de retraite et Carole, l'animatrice, n'a pas oubliĂ© la FĂȘte nationale... Bien installĂ©s Ă  l'ombre, sous les grands arbres du parc, les pensionnaires se sont vu servir l'apĂ©ritif avant de goĂ»ter les grillades du barbecue et de boire quelques "bulles" avec le dessert. Rien n'avait Ă©tĂ© oubliĂ©, le drapeau, les couleurs sur la table, du bleu, du blanc... L'occasion de fĂȘter le 14-Juillet en toute convivialitĂ© !
14juillet à la maison de retraite de Pascale Valentini-Daniel 671 views Oct 13, 2019 C'est une piÚce qui va vite, gaie, avec une vraie complicité entre tous ces employés qui vont se serrer les
ItinérairesMaison de retraite et foyer-logement publics 20 cours 14 Juillet, 33210 LangonItinérairesTéléphoneEnregistrerServices et prestationsMaison de retraite pour personne valide, Résidence autonomie pour coupleParkings à proximitéSource Pages JaunesAutres propositions à proximité19 r Abel Gourgues, 33210 LangonPlus d'infosr Langevin, 33210 LangonPlus d'infosMappy est réalisé en FranceTéléphoneEnregistrer
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Théatre14 Juillet à la Maison de Retraite La directrice d'une maison de retraite doit s'absenter 10 jours et laisse les clés de la maison à ses employés : un ex
Lorsque l’entrĂ©e en Ă©tablissement s’impose, la question du coĂ»t de l’hĂ©bergement devient centrale. Diverses aides financiĂšres allĂšgent la facture en maison de retraite, lorsque la pension de la personne ĂągĂ©e ne suffit pas Ă  couvrir le coĂ»t de l’accueil en financer un sĂ©jour en maison de retraite ?Il existe diverses aides financiĂšres pour allĂ©ger la facture en Ehpad. Un sĂ©jour en Ă©tablissement d’hĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es peut s’avĂ©rer trĂšs onĂ©reux, surtout lorsque le rĂ©sident a besoin d’un environnement facture en maison de retraite atteint en moyenne 2 000 euros pour les personnes les plus autonomes, pour la seule partie Ehpad, Ă  cette somme s’ajoute un tarif dĂ©pendance proportionnel Ă  la perte d’ total, le tarif de la maison de retraite peut largement dĂ©passer les 2 500 existe fort heureusement diffĂ©rentes aides financiĂšres afin de rĂ©duire le coĂ»t de la maison de retraite pour le rĂ©sident et sa famille et de permettre aux personnes aux faibles ressources de trouver une solution de financement adaptĂ©e Ă  leurs pouvoirs publics ont entrepris de nombreux efforts, tant au niveau national que dĂ©partemental et local, afin de venir en aide aux personne ĂągĂ©es en maison de allocations versĂ©es aux rĂ©sidents des maisons de retraite sont diverses et il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est important de connaĂźtre ses droits pour pouvoir faire les demandes d’aides financiĂšres en maison de retraite auprĂšs de l’administration demander l’APA en maison de retraite ?L’Allocation personnalisĂ©e d’autonomie APA est la principale aide financiĂšre allouĂ©e aux personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes en maison de retraite et Ă  permet le financement d’une aide humaine et technique, afin de renforcer le maintien Ă  domicile,une couverture partielle du tarif dĂ©pendance en sont les conditions pour bĂ©nĂ©ficier de l’APA ?En maison de retraite, cette aide financiĂšre est accordĂ©e aux rĂ©sidents classĂ©s en GIR 1 Ă  4 le niveau de perte d’autonomie est Ă©valuĂ© Ă  l’aide de la grille AGGIR,ĂągĂ©s de 60 ans et plus,attestant d’une rĂ©sidence stable et rĂ©guliĂšre en est en gĂ©nĂ©ral versĂ©e directement Ă  l’établissement. L’aide est aussi accordĂ©e pour un placement en unitĂ© est le montant de l’APA en maison de retraite ?L’éligibilitĂ© Ă  l’APA n’est pas soumise Ă  condition de ressources. En revanche, le calcul de la participation demandĂ©e du rĂ©sident dĂ©pend de ses montant de l’aide de l’APA en maison de retraite de type Ehpad est ainsi calculĂ© Ă  partir de trois Ă©lĂ©ments le degrĂ© d’autonomie du rĂ©sident,le tarif dĂ©pendance pratiquĂ© par l’Ehpad,les ressources du bĂ©nĂ©ficier de l’APA ?La demande d’APA est en gĂ©nĂ©ral adressĂ©e directement par le secrĂ©tariat de la maison de retraite au service d’aide sociale du Conseil gĂ©nĂ©ral, aprĂšs l’évaluation du GIR du pouvez Ă©galement vous adresser directement au Conseil dĂ©partemental, ou plus simplement, au Centre communal d’action sociale CCAS.Notons que le tarif soins, qui couvre les services liĂ©s Ă  la santĂ©, est pris en charge par la sĂ©curitĂ© l’Assurance maladie, et n’est donc pas concernĂ© par l’ d’hĂ©bergement quelles aides financiĂšres en maison de retraite ?En outre, les personnes ĂągĂ©es peuvent bĂ©nĂ©ficier de plusieurs aides financiĂšres en maison de retraite plus spĂ©cifiquement liĂ©es Ă  la partie hĂ©bergement. Ces allocations sont accordĂ©es sous conditions de ressources par diffĂ©rents principales aides financiĂšres en maison de retraite, pour la partie hĂ©bergement, sont les suivantes Nom de l’aideDescriptionAides au logementDes aides sont versĂ©es par la Caisse d’allocations familiales CAF ou la MutualitĂ© sociale agricole MSA – l’aide personnalisĂ©e au logement APL en maison de retraite conventionnĂ©e, – l’allocation de logement sociale ALS dans le cas sociale Ă  l’hĂ©bergement ASHAide du conseil gĂ©nĂ©ral en maison de retraite. Cette aide financiĂšre contribue au financement du tarif hĂ©bergement en maison de retraite. Elle est accordĂ©e aux rĂ©sidents ayant de faibles ressources. L’aide sociale en Ehpad est une aide subsidiaire. les personnes soumises Ă  l’obligation alimentaire seront d’abord sollicitĂ©es pour venir en aide Ă  leur proche en maison de montant de la participation fixĂ© par le Conseil dĂ©partemental sera ainsi calculĂ© en fonction du tarif de l’hĂ©bergement en maison de retraite et de l’aide des obligĂ©s alimentaires. Notons qu’au-delĂ  des aides financiĂšres en Ehpad s’adressant aux personnes ayant de faibles revenus, il existe Ă©galement des avantages fiscaux pour les rĂ©sidents de maison de aide financiĂšre se traduit par une dĂ©duction d’impĂŽts Ă©gale Ă  25 % des dĂ©penses d’hĂ©bergement et de dĂ©pendance, plafonnĂ©es Ă  10 000 euros par an et par financement de l’Ehpad par la famille donne Ă©galement droit Ă  une aide, sous la forme d’une rĂ©duction d’impĂŽt. En effet, si vous participez aux frais d’hĂ©bergement en Ehpad de votre parent dans le besoin, vous pouvez dĂ©duire cette pension alimentaire des revenus que vous dĂ©clarez aux somme doit correspondre aux rĂ©els besoins de votre proche et Ă  vos ressources. Si votre parent a les moyens de payer sa maison de retraite, le paiement que vous versez Ă  l’Ehpad ne relĂšve pas rĂ©ellement de l’obligation obtenir des aides pour les personnes ĂągĂ©es en Ehpad ?La demande d’aide sociale pour une maison de retraite, tout comme celle de l’APA, peut ĂȘtre effectuĂ©e auprĂšs du Centre communal d’action sociale CCAS, qui vous aidera Ă  remplir les demandes d’aides au logement peuvent ĂȘtre faites directement sur le site de la CAF ou sur celui de la MSA selon l’organisme auquel la personne ĂągĂ©e est affiliĂ©e.Le directeur de l’établissement peut vous aider Ă  faire la demande d’APA, c’est d’ailleurs le mĂ©decin coordonnateur de l’Ehpad qui Ă©value la perte d’autonomie. Son Ă©valuation est communiquĂ©e au dĂ©partement dans le dossier de demande de l’ frĂ©quentesQuelle prise en charge de l’Ehpad par la mutuelle ?Les tarifs hĂ©bergement et dĂ©pendance de l’Ehpad ne font l’objet d’aucune prise en charge par la la personne ĂągĂ©e peut recevoir une aide de la mutuelle au financement de la maison de retraite, lorsqu’elle a contractĂ© un contrat d’assurance-dĂ©pendance. Elle doit satisfaire aux conditions de dĂ©pendance Ă©noncĂ©es dans sa police d’assurance. Elle recevra alors un capital ou une rente mensuelle qu’elle pourra utiliser pour payer son accueil en maison de aide pour l’accueil temporaire d’un proche Alzheimer ?Outre les aides financiĂšres susmentionnĂ©es, il existe une aide au rĂ©pit pour financer le placement temporaire d’une personne Alzheimer dont le proche a besoin de souffler. Cette aide s’inscrit dans le cadre du plan d’aide de l’APA de la personne ĂągĂ©e bĂ©nĂ©ficiaire de l’allocation personnalisĂ©e d’ permet notamment de financer un sĂ©jour temporaire en Ehpad, mĂȘme si le plafond de l’APA est atteint. Dans ce cas, le plan d’aide est majorĂ© de 510,26 € par an pour payer une aide au rĂ©pit hĂ©bergement temporaire, accueil de jour, relais Ă  domicile. Attention, l’aide n’est accordĂ©e que s’il n’existe personne pour prendre la place du proche aidant auprĂšs de la personne aide pour un ancien combattant en maison de retraite ?L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre ONAC-VG peut attribuer une aide aux anciens combattants accueillis en maison de retraite. Il s’agit d’une aide financiĂšre ponctuelle permettant de financer certains frais annexes du ressortissant de l’ONAC-VG vĂȘtements et linge de toilette,dĂ©penses liĂ©es Ă  des soins demande peut ĂȘtre effectuĂ©e en ligne sur le site de l’ONAC-VG. Il sera nĂ©cessaire de joindre tous les justificatifs , ConseillĂšre Cap RetraiteTrouver un EHPAD prĂšs de chez vous n’a jamais Ă©tĂ© aussi facile !SERVICE GRATUIT & SANS ENGAGEMENTObtenez la liste des EHPAD SERVICE GRATUIT & SANS ENGAGEMENT
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14 juillet Ă  la maison de retraite